Avis de Octave : "Oh, mademoiselle from Armentières, parlez-vous"
On retiendra que le 17 août 1914, Henri Verlais est le premier mort armentiérois, brigadier du 21e régiment des Dragons, ce jeune de 19 ans décède à Geest Gérompont, près de Namur en Belgique. Pendant quasiment toute la durée de la Première guerre mondiale, le front passe entre Lille occupée par les Allemands et Armentières défendue par les Anglais. Armentières est d’ailleurs la première ville où l’on a lourdement gazé des civils à l’été 1917. Parmi les personnes touchées, mais en réchappant Marie Lecocq qui, de ce fait, recevra une carte de mutilé de guerre.
On trouve la photographie d’un estaminet page 100, mais ce n’est pas celui où servait Marie Lecocq, le personnage qui a donné naissance à la fameuse chanson Mademoiselle from Armentières. Rappelons que cette chanson fut l’hymne de marche des armées britanniques à partir de 1915. Ceci suite au fait qu’un sergent britannique de carrière Edward Rowland (devenu artiste de music hall dans le civil après-guerre), assistant à la scène en mars 1915 où Marie Lecocq remit à sa place un soldat anglais, composa les paroles d'une chanson. En adaptant l'air d'une marche militaire connue, deux siècles avant, le lieutenant canadien Gitz Rice (qui à partir de 1919 s’engagea dans une carrière artistique) trouva la musique. Avant-guerre l’estaminet en question a déjà pris le nom de café de la paix.
Inaugurée en 2008, la statue qui rend hommage à Marie Lecocq (en lui prêtant toutefois le visage de Line Renaud, qui la popularisa, par une version adaptée, en France dans les années 1960) est vandalisée à plusieurs reprises. En conséquence, elle rejoint le cimetière communal. Par contre est toujours restée à sa place l’œuvre de Philippe Dewaleyne à savoir une sculpture en pierre, inaugurée dans la cour de l’hôpital le 25 septembre 1982, symbolisant la femme soutenant le combattant. It's a Long Way to Tipperary est évidemment l’autre titre qui fut populaire chez les militaires du Commonwealth, mais il avait été composé en 1912. Le seul défaut de l’ouvrage est, page 94, de boucler le sujet en moins de cent mots (contenu de la note comprise) et sans illustration. En plus le contenu délivré est du niveau hautement scientifique de wikipédia en français alors que déjà en prenant la version anglaise on arrive à à passer à un stade supérieur. Ne serait-ce qu’en adapant le contenu du site des archives municipales de la ville, il aurait pu nous faire un texte vraiment intéressant (http://www.archives.armentieres.fr/Au-hasard-des-archives/p1669/Bon-anniversaire-Mademoiselle-From-Armentieres).
Est signalé le passage ponctuel dans le secteur du maréchal des logis Louis Ferdinand Destouches (qui deviendra l’écrivain Céline) et celui de Churchill qui mangea plusieurs vendredis à Armentières. L’ouvrage ouvre sur Henri Chas, qui fut le maire radical d’Armentières de mai 1905 à décembre 1919 ; on va retrouver nombre de ses écrits tout au long de l’ouvrage. Sa famille est réfugiée à Arpajon (alors en Seine-et-Oise et aujourd’hui dans l’Essonne). Le 23 août 1914 la ville est évacuée une première fois alors que les réfugiés (parmi eux de nombreux Belges) sont présents dans les rues. Le 4 septembre une patrouille allemande arrive dans la cité mais la ville n'est occupée que le 10 octobre par les Allemands ; contributions financières et réquisitions se succèdent jusqu’au 17 octobre.
Jusqu’en avril 1918, la ville va vivre à l’heure anglaise et être constamment bombardée, le front passant à environ deux à trois kilomètres. Le printemps 1918 va être la seconde période d’occupation de la cité, l'état-major allemand bénéficie du renfort des troupes ramenées de Russie à la suite de la paix signée avec les soviets. Les Allemands percent sur l’ensemble du front français mais ne peuvent avancer au-delà de la dizaine de kilomètres. Durant le temps d’évacuation fin septembre et début octobre, les Allemands détruisent tout ce qui a pu rester un peu en hauteur, dont le beffroi ou le haut des clochers. L’intérêt de l’ouvrage tient pour beaucoup dans la très riche iconographie proposée.
L’auteur Hans Landler est né à Lille le 21 septembre 1970 et a passé son enfance à Armentières où sa mère était alors ouvrière dans le textile. Militaire de carrière de 1988 à 2003, il sert comme infirmier au cours de plusieurs Opérations extérieures. Revenu dans sa ville d’origine, il y travaille comme ambulancier au SMUR d’Armentières. Il est président de l’association des Amis de la Cité de la Toile.
Deux remarques personnelles. La première est que Clemenceau visite le 13 octobre 1918 Hesdin, Cambrai, Bertincourt, Marcoing ainsi que Bapaume et le 19 octobre 1918, avec en particulier Louis Loucheur le ministre de l’Armement (originaire de Roubaix), les villes également récemment libérées ou largement bombardées de Béthune, Lille, Tourcoing, Haubourdin, Lens et Douai. La seconde est qu’à l’École nationale professionnelle d’Armentières (qui forme alors les professeurs de l’enseignement technique), a exercé de mars 1902 jusqu’en décembre 1903 Pierre Brizon. Ce dernier fut déplacé à l’ENP de Voiron, en raison de son soutien intensif aux grévistes du textile travaillant dans la ville. En 1908, il s’inspire en particulier de documents produits par l’École nationale professionnelle d’Armentières pour écrire son ouvrage L’apprentissage : hier, aujourd’hui, demain. Pierre Brizon, député socialiste de l’Allier de 1910 à 1919, est connu comme un des pèlerins de Kienthal qui, en juin 1916, se voit confier la rédaction du manifeste pacifiste éponyme.
Nos deux illustrations ne sont pas dans l'ouvrage
Pour tous publics Beaucoup d'illustrations