Les poilus

Si le plan est très classique, par contre les titres choisies font preuve d'une certaine connivence culturelle avec le lecteur, qui n'est d'ailleurs parfois pas très loin de l'esprit des titres de nos critiques sur ce site. Si le premier chapitre, consacré à l'année 1914 se présente de façon un peu conventionnelle sous le chapeau d' "Une génération sacrifiée" et le second traitant de l'année 1915 comme "Vers une rupture morale de la civilisation" mais une pointe d'humour (certes noir) apparaît pour 1916 avec "On fait table rase de l'humanité" et se poursuit avec une année 1917 qualifiée de "À l'arrière, rien de nouveau" tandis que 1918 est caractérisée par "Crêpe noir pour une paix dérisoire".

Le contenu de ce livre n'amène à aucune révision fondamentale du discours des historiens universitaires du début du XXIe siècle sur un point quelconque, l'auteur cite d'ailleurs quelques études récentes fortement intéressantes. Par contre l'originalité du livre est de fournir de nombreux témoignages pris dans des courriers, des récits de souvenirs, des extraits de romans écrits par des anciens poilus. Ils proviennent quasiment tous de Français. Un des très rares documents à provenir d'outre-Rhin est un courrier d'une jeune fille Katte Hamel qui écrit en français à une amie helvétique romande: « Il est évident que toi Suissesse aux pensées façonnées à la française, tu ne peux comprendre que mon cœur de jeune fille allemande a désiré ardemment cette guerre (…). Les Allemands étant créés à l'image de Dieu, il est normal que le monde leur appartienne. (…) Je puis t'assurer que tout ce qui a été fait jusqu'à ce jour n'est que bagatelle auprès de ce qui va suivre ».