Avis de Octave : "Chaque casoar comporte exactement 150 plumes, 120 blanches et 30 rouges"
On sait que plus d’un demi-million de Français furent faits prisonniers durant la Première Guerre mondiale ; parmi ceux-ci on a comme officiers les futurs généraux de Gaulle et Giraud (voir 1914-1918 La grande guerre du Général Giraud), un sous-officier comme Aimé Souché futur inspecteur de l’enseignement primaire de la Vienne ainsi qu’Anthelme Mangin le plus connu de ces soldats puisqu’il en revient amnésique et que ce n’est qu’en 1934 que l’on parvient à retrouver son identité (il est natif de l’Indre). D’ailleurs avec les internés civils ce sont dix millions de personnes qui connurent des camps de détention.
Georges Pont, dans un ouvrage illustré, raconte le parcours de son père Antoine un instituteur de Haute-Vienne né en 1891, marié à une enseignante du primaire originaire de La Nouaille écrit aujourd’hui "Lanouaille") en Dordogne. Ses arrières-grands-parents maternels avaient été ouvriers agricoles chez les enfants du maréchal Bugeaud (vainqueur d’Abd el-Kader) et la grand-mère du narrateur put faire des études qui lui permirent de devenir institutrice en Haute-Vienne.
Le père de Georges Pont profite d’une vacance à l’École primaire supérieure de Bellac (comme Ernest Pérochon à Parthenay) pour exercer un an comme professeur d’histoire-géographie en 1911-1912. Il est incorporé en octobre 1912 au 63e RI basé à Limoges et Saint-Yrieix, en avril 1914 il est sous-lieutenant au 50e RI, commandé par le colonel Valette à la caserne de Périgueux. Engagé en Belgique, ce corps d’armée réalise une retraite qui débouche sur la contre-offensive de la Bataille de la Marne. Toutefois Antoine Pont après avoir combattu à Florenville (et non Floranville, comme cela est écrit page 40), Neuvraumont et Rossard est blessé le 22 août. Son ordonnance l’emmène dans une ferme où des Belges le cachent quelques jours puis apeurés le livrent aux Allemands.
L’épouse d’Antoine Pont est averti que son mari porté disparu a été probablement tué (d’où le titre du livre). Au passage page 53, on voit que le sous-lieutenant de Fayolle est bien mort en gants blancs et casoar, contrairement à Allard-Méeus qui doit ce prétendu mérite à une légende inventée par Maurice Barrès.
Le récit est donc pour une bonne partie celui de la captivité d’Antoine Pont en Allemagne, il y rencontre Roland Garros (l’évasion de ce dernier est racontée), le fils de Théophile Delcassé et a un moment pour commandant du camp le général de cavalerie Von Richthofen qui portait un corset métallique (il inspira un personnage du film La Grande illusion de Renoir).
Nous terminerons par une nouvelle remarque personnelle. De 1928 à 1930 l’inspecteur primaire de Bellac est le poète Pierre Menanteau et il est très vraisemblable qu’Antoine Pont le rencontra alors que dans l’Entre-deux-Guerresce dernier poursuit une carrière recommencée à la rentrée 1919 comme directeur d’école à Saint-Victurnien (un village qui a perdu près de 15% de sa population entre 1911 et 1921). On apprécie la très abondante illustration.
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