Avis de Adam Craponne : "L'Arménie, un pays dont l’histoire ancienne passa pour du légendaire fragmenté"
Cet ouvrage tente de situer le massacre des Arméniens comme une des étapes de la répression du mouvement national arménien et de ne pas cantonner ce que certains appellent un génocide (avant la définition même du mot) comme une des conséquences de la Première Guerre mondiale. Non ces actions des Turcs contre les Arméniens ne furent pas un dégât collatéral d’un conflit armé.
Christapor , Mikaelian et Zorian sont les trois fondateurs en 1890 de la FRA (Fédération révolutionnaire arménienne) et ce n’est pas un hasard si le premier meurt le premier mars 1905 en Bulgarie, en manipulant une bombe. Il préparait alors un attentat contre le sultan ottoman Abdülhamid II en réponse aux masssacres d'Arméniens commis entre 1894 et 1896. Il est à noter que Jean Jaurès fut un des rares parlementaires européens à dénoncer ces massacres en 1896 (pages 144-145). La Fédération révolutionnaire arménienne décide d'adhérer à la Deuxième Internationale en 1907, cette demande est acceptée malgré l’opposition du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (ancêtre du Parti communiste russe).
Dans la quasi-totalité de ces actions répressives, s’écoulant sur quasiment un demi-siècle, le gouvernement turc encouragea largement les Kurdes à tuer ces infidèles. Pourtant si on revient aux sources:
« En 1863, dans un élan exceptionnel de solidarité, les paysans arméniens et kurdes se coalisent conte les troupes turques et parviennent à faire reculer les propriétaires terriens soutenus par l’administration locale dans leur intention d’infliger de nouvelles taxes pour faciliter l’installation des musulmans ». (page 29)
On suit pas à pas l’évolution du mouvement révolutionnaire arménien jusqu’aux massacres et déportations ; celles-ci se traduisant parfois par un quasi esclavage comme ces femmes arméniennes tatouées au front par des proxénètes syriens, dont on pouvait voir les photographies lors de l’exposition sur le tatouage tenue au Musée Branly. Dans l’épilogue est évoquée la non-application du Traité de Sèvres qui annonçait la création d’un état arménien. La Turquie kémaliste et l’URSS s’entendent pour se partager cette zone géographique et deux ans après le traité de Sèvres, le traité de Lausanne voit les pays de l’Europe occidentale dans l’acceptation du fait accompli. Dans l’épilogue on rappelle comment le nationalisme arménien fut entretenu à l’intérieur et à l’extérieur de la petite république d’Arménie de l’Union soviétique. L’indépendance de cette Arménie ex-communiste se fait à un moment où le terrorisme arménien venait de cesser.
L’ouvrage propose des photographies de leaders révolutionnaires arméniens et des massacres de 1898 et 1915. Rappelons l’importance de l’immigration arménienne en France, en particulier dans les Bouches-du-Rhône, la Drôme, Grenoble, Lyon ainsi que Paris et sa banlieue. Le meilleur complément à l’ouvrage "Le rêve brisé des Arméniens 1915" est "L’échiquier arménien entre guerres et révolutions" aux éditions Karthala.
Pour connaisseurs Quelques illustrations
À l’Historial de la Grande Guerre de Péronne
Château de Péronne, Place André Audinot, 80200 Péronne
http://www.lepoint.fr/monde/genocide-armenien-l-azerbaidjan-l-allie-negationniste-de-la-turquie-24-04-2015-1923873_24.php
http://www.laprovence.com/article/edition-marseille/4418535/une-sculpture-qui-semble-faire-lunanimite.html