Avis de Adam Craponne : "Hitler et Churchill face à face dès la Première Guerre mondiale?"
En effet la partie méridionale de la Belgique est rapidement envahie et pour ce pays la guerre des tranchées se déroulent dans les Flandres. D’ailleurs jusqu’aux années 1960, Ploegsteert et Warneton appartiennent à la province de la Flandre-occidentale.
Ploegsteert voit ses bois occupés par des tranchées anglaises que d’ailleurs Churchill visite en 1916 (d’où la stèle commémorative reproduite page 65), le village lui-même n’ayant une présence suivie d'Allemands que d’avril à septembre 1918, lors de l’offensive dite Ludendorff (dernière offensive allemande de la guerre de 1914-1918).
En fait on a deux parties dans cet ouvrage, l’une fixe les évènements concernant pour Ypres et ses villages voisins méridionaux tant les soldats que les civils depuis l’arrivée des éclaireurs allemands qui ne se fait que le 4 octobre 1914 (avant la Première bataille de la Marne occupent bien les troupes germaniques). Dès le 10 octobre l’adjoint au maire (appelé "premier échevin") de Warneton est fusillé sous prétexte qu’un soldat de chez eux a été tué la semaine précédente par un franc-tireur. Les habitants fuient donc et avec la fixation du front se retrouveront des deux côtés de celui-ci. Ce chapitre court non seulement jusqu’à l’Armistice, mais interroge également sur les conditions de la reconstruction.
Parmi les clichés les plus intéressants de la première partie : un Tommy qui vraisemblablement a entre 15 et 16 ans, des soldats anglais et allemands fraternisant à la Noël 1914, un parapet avec des soldats canadiens car on ne peut creuser une tranchée dans un sol constamment si humide, un des premiers masque à gaz britannique, des prisonniers russes employés pour des travaux de terrassement, une photographie représentant Adolf Hitler avec son chien et le tableau "L’église de Messines" (ce village resté en Flandres est limitrophe de Ploegsteert ) qu’il a peint, un tableau de Winston Churchill représentant Ploegsteert en 1916.
La photographie d’un étang actuel (celui de Saint-Yvon) formé à partir d’un cratère de mines de l’époque (les galeries ont été creusées par les Australiens) est dans cette partie, on aurait pensé qu’il avait mieux sa place dans la seconde intitulée "Les traces dans le paysage : vestiges de la guerre et monuments commémoratifs". On découvre que plusieurs abris allemands ou anglais sont toujours présents et l’importante surface des cimetières anglais et allemand. Ce territoire offre l’un des mémoriaux britanniques construits sur le front occidental. Pour des raisons administratives liées à une opposition du gouvernement français, c’est le long de la route de Messines à Ploegsteert et non à Lille qu’il fut construit.
La qualité de cet ouvrage tient autant à la bonne vulgarisation du propos qu’à l’exceptionnelle qualité des documents proposées et en priorité ceux de l’époque, fruits des collections des deux auteurs à quelques très rares exceptions.
La Société d’Histoire de Comines-Warneton a invité à sa conférence annuelle le vendredi 5 décembre 2014 à 20h00, Hall des Sports, faubourg de Lille à 7784 Warneton. Elle traitera justement de la fixation du front durant l’année 1914 et de la trêve du Noël en question. Le numéro 44 (année 2014) de sa revue est largement consacré à la Première Guerre mondiale. L’institut du Patrimoine wallon a également publié "Sur les traces de 14-18 en Wallonie. La mémoire du patrimoine de Daniel Conraads et Dominique Nahoé" et "La route de la Grande Guerre en Wallonie" de Christine Caspers et Pascal Kuta.
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