Avis de Octave : "Le fascisme ce n’est pas le pangermanisme plus l’électricité et le kémalisme c’est peut-être le laïcisme plus l’électricité"
Notre titre parodie un mot de Lénine car Jean Roux (le fils de l’auteur) nous donne des leçons d’histoire dans le livre II. On pourra juger la pertinence à travers en particulier ceci :
« Foch était un militaire (il avait gagné la guerre), un "homme d’état" et un visionnaire. (…) Poincaré et Clémenceau étaient seulement des "hommes politiques"».
On voit que Jean Roux confond opinion de militants de l’Action française au moment de la signature du traité de Versailles et discours d’historien ici et d’ailleurs lors d’autres passages dans ses commentaires. Rappelons que ceux-ci réclamaient une Rhénanie française et, sans aucun regard critique sur la question, Jean Roux en fait sa thèse.
La couverture de ce livre est reproduite sans préciser qu'il a été édité en Allemagne en 1912, que ce titre est fantaisiste par rapport à celui de la version originale "Frankreichs Ende im Jahre 19…" et que l'ouvrage relève de la pure fiction avec une action démarrant en 1911 et non du manifeste politique. De plus aucune carte, n'existe dans le livre en langue germanique même si la carte donnée reflète la situation à la fin de l'ouvrage.
Le livre II n’est pas heureusement qu’une suite de remarques personnelles, alliant en fait la germanophobie au panturquisme, pour prétendument éclairer le lecteur sur la Grande Guerre et sur les insuffisances d’exigences du Traité de Versailles vis-à-vis de l’Allemagne. En fait le premier chapitre de ce livre II en quinze pages explique bien le seul succès de cette expédition à savoir le réembarquement dans une totale discrétion (et sans pertes supplémentaires) à la mi-décembre 1915 et début janvier 1916 des troupes alliés. Toutefois en ne citant pas ici une seule fois Mustafa Kemal Atatürk, Jean Roux montre une fois de plus les limites de ses explications historiques.
Pour ce qui est d'éclairer l’intérêt qu'on a eu d’envoyer des soldats dans la presqu’île de Gallipoli, à trois cent kilomètres au sud de Constantinople le lecteur reste sur sa faim. Il s’agit en fait de s’assurer une liaison avec une Russie déjà assez affaiblie et en occupant la presqu’île de Gallipoli d’inviter Roumanie, Grèce et Bulgarie à voler vers une victoire contre les Turcs. En fait face à la déconfiture alliée dans les Dardanelles et aux promesses d’agrandissements territoriaux en particulier en Macédoine serbe et Thrace turque, la Bulgarie passe dans le camp adverse, celui de l’Entente.
Le livre I est le témoignage d’Ernest Roux, un étudiant drômois de vingt-deux ans qui embarque le 4 mars 1915 à Marseille pour aller combattre dans la petite partie européenne de la Turquie, en passant par la Tunisie, Malte et l’Égypte. Le carnet, qu’il tient court de février 1915 à septembre de la même année, est reproduit in extennso. Ernest Roux est évacué vers l’île de Lemnos à la mi-juillet ; ceci nous confirme que, dès début 1915 (les opérations maritimes puis terrestres ont lieu en février-mars et avril), les Alliés violent la neutralité grecque (ils recommenceront avec le camp de Salonique). Au contenu du carnet, est ajoutée une correspondance d’Ernest Roux à sa mère, une institutrice laïque.
On apprécie les photographies prises sur place par l’auteur, les cartes postales de Tunis et Alexandrie, et la carte du détroit des Dardanelles où l’on voit la très maigre progression des forces anglaises et françaises. On a très peu témoignages de soldats français engagés sur ce front aussi publier celui d’Ernest Roux est fort pertinent. Il est toutefois dommage que son fils se soit cru autorisé à être le seul à le commenter.
Pour tous publics Quelques illustrations
http://www.metamag.fr/metamag-2857-CENTENAIRE-14-18--LA-BATAILLE-DE-GALLIPOLI.html