Avis de Alexandre : "Né sous la ligne bleue des Vosges et porte-drapeau de l’aviation au défilé du 14 juillet 1919"
René Fonck est né dans un village des Vosges en 1894 et cet apprenti-mécanicien est appelé sous les drapeaux à guère plus de vingt ans. Du génie, il passe à l’aviation et ses nombreuses victoires font que son nom va être largement repris dans la presse. Tout une mythologie est construite autour de ceux que l’on va bientôt nommé "les chevaliers du ciel".
L’armée de l’air n’existe pas encore, mais l’aviation de guerre se développe au point que 90 000 hommes passent à son service durant la Grande Guerre. Sur ce nombre, on compte 16 800 pilotes et 2 000 observateurs. Nombre de pilotes viennent soit d’un milieu favorisé, soit étaient des militaires de carrière avant le début du conflit (souvent dans la cavalerie) ; parfois d’ailleurs certains sont à la fois issus de milieux aisés et sous les drapeaux depuis plusieurs années. René Fonck est une exception dans ce paysage.
Entre 1919 et 1940, trois pilotes de la Grande Guerre (pour des durées plus ou moins longues) ont été élus députés ; ce sont Fonck pour les Vosges et Alfred Heurtaux dans la Seine-et-Oise pour un seul mandat et bien plus à gauche Renaitour pour l’Yonne de 1928 à 1942. René Fonck se présente aux élections législatives de 1919 sur une liste républicaine qui compte deux élus Verlot et lui, alors que les modérés remportent quatre sièges et la SFIO un avec Aimé Piton.
Aux élections de 1924, le radical Camille Picard s’oppose cette fois à Fonck (sur la même liste en 1919, il avait eu environ 1 000 voix de moins que Fonck) et obtient le siège de sa liste, la liste centriste Verlot / Fonck n’a qu’un siège et elle revient au notable Verlot. Aux législatives de 1928, Constant Verlot a suivi la formule prêtée à Ledru-Rollin par Eugène de Mirecourt "Il faut bien que je les suive, puisque que je suis leur chef", l’électorat vosgien s’étant nettement droitisé après la guerre, cet ancien professeur de l’enseignement public se déclare partisan de la liberté de l’enseignement et pour l’interdiction du droit de grève aux fonctionnaires. René Fonck est trop laïc pour lui disputer l’électorat modéré et par ailleurs pas assez social dans une circonscription où le candidat communiste dépasse les 16% et le devance ainsi d’environ 2%. En 1932 à Paris il est gêné par une candidature radicale et fait le troisième meilleur score ; face à un socialiste et un député sortant très à droite, il se retire sans donner de consignes de vote.
Comme beaucoup d’anciens combattants, il aspire à la paix mais semble au début des années 1920 être intransigeant sur la question des réparations. Il n’approuve pas les concessions que Briand envisageait de faire à la Conférence de Cannes en 1922 (non pas à la fin de l’année, comme indiqué page 135, mais en janvier). Le président de la République Millerand désavoua le Président du Conseil et Raymond Poincaré succéda à Aristide Briand, ce qui se traduisit quelques temps plus tard par la réoccupation temporaire de la Rhénanie.
Des pages intéressantes apprennent que Fonck devint constructeur d’automobiles, mais leur prix élevé fit qu’il ne s'en vendit pas plus qu’une douzaine. Maréchaliste, mais opposé à la personne de Laval, il s’éloigne des sphères de l’Etat français au retour au pouvoir de Laval en avril 1942 ; toutefois il a un jeu trouble auprès des Allemands. Arrêté à la Libération, il n’est pas pour autant une victime de l’Epuration. On n‘oubliera pas de lire aussi les pages consacrées à son activité de pilote civil dans l’Entre-deux-guerres. Les illustrations sont heureusement fort nombreuses.
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