Avis de Alexandre : "Alcool pour tenir, alcool pour agir, alcool pour viser et tirer et alcool ensuite pour oublier"
Notre titre est emprunté à une phrase de F. Rousseau tirée de la page 175 de son ouvrage La guerre censurée : Une histoire des combattants européens de 14-18. L’auteur de L’ivresse du soldat se dit que les combattants ont tenu grâce en partie à la consommation d’alcool. La distribution de vin par jour passe de 25 cl à 1 l alors que l’eau de vie est donnée dans une proportion d’environ 6 cl. On sait que la consommation de rhum s’est largement démocratisée durant cette période et les élus des Antilles en tirèrent ensuite l’idée que le rhum avait permis de gagner la guerre. Par ailleurs l’absinthe produite dans l’est de la France (et en particulier en Franche-Comté) est interdite aux militaires au début du conflit et à tous début 1915. Certains de ses composants (dont la thuyone) sont jugés porteurs de gros risques de crises épileptiques, convulsions, hallucinations… L’auteur ne le précise pas mais cette boisson est connotée comme germanique.
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Dans son introduction l’auteur pose de nombreuses questions intéressantes. On sait que de l’eau potable n’arrivait pas à être apportée aux poilus. Dans un conflit entre l’Allemagne et la France, c’est la bière contre le vin et donc ce dernier est perçu avec une valeur patriotique symbolique. La distribution de rations supplémentaires d’alcool est perçue comme une faveur qu’accordent les supérieurs aux soldats, cela renforce la cohésion autour des sous-officiers. Cependant avec la possibilité de se procurer contre argent des bouteilles, on passe en fait à trois à quatre litres par jour. Ceci pose alors des risques d’insubordination. On boit d’ailleurs plus à l’arrière du front qu’au combat et cela joue sur le déclenchement de quelques mutineries.
Charles Ridel se pose la question de la dépendance par rapport à l’alcool pendant et après le conflit. Pour avoir connu dans notre famille, un ancien combattant de la Grande Guerre, nous pouvons témoigner de sa très forte consommation d’alcool jusqu’à sa mort à l’orée des années 1980. On peut saluer le gros travail de recherches de l’auteur et nombre de lecteurs y trouveront une allusion à leur département qu’il soit proche du front ou à l’arrière. Ainsi page 50, dans une revue de l’époque, le directeur de l’asile d’aliénés de La Roche-sur-Yon (en Vendée départementale) s’offusque de l’ivresse récurrente des soldats dans les rues de la ville.Un regret dans l'absence d'illustration.
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Pour connaisseurs Aucune illustration
http://www.rumporter.com/rhums-heritiers-de-grande-guerre-martinique/