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Les poilus de l’Alaska, Moufflot hiver 1914

Les poilus de l’Alaska, Moufflot hiver 1914
Casterman64 pages
1 critique de lecteur

Avis de Xirong : "Des chiens de Nome pour ravitailler les gnomes dans les tranchées"

La présence, durant la Première Guerre mondiale, dans les Vosges de chiens de traîneau venus d’Alaska, est un fait qui a été bien médiatisé par un reportage d’Arte il y a quelques années (rediffusion le mardi 25 novembre 2014 et le lundi 8 décembre 2014 sur la même chaîne à 8h55). Depuis est sorti en 2014 à la fois "Les poilus de l’Alaska, Moufflot, hiver 1914", un roman de littérature de jeunesse pour bons lecteurs "La dernière course" de Pierre Vatinel et un livre qui se veut historique "La Véritable Histoire des Poilus d'Alaska".

Bien que l’on trouve au dos de cette BD « une histoire vraie, classée secret défense par l’armée française » qui fasse très commercial, on peut dire que d’abord c’est seulement l’opération de transport en son temps, comme une foule d’autres qui fut sous le coup du secret (une fois que les Allemands ont vu les chiens dans les Vosges, ils ont vite compris d’eux-mêmes) et qu’ensuite certains aspects sont sérieusement romancés.

Quoique le mot ne soit pas particulièrement choisi car faire déshabiller en plein hiver une femme médecin allemande aux formes bien peu esthétiques n’est pas du meilleur goût. Cela rappelle trop le style de dessins d’humour que l’on trouvait dans la propagande française de l’époque et a bien peu de lien avec l’histoire. En effet Saint-Dié, sous-préfecture des Vosges, est envahie du 26 août au 11 septembre 1914 par les Allemands et la libération du héros du récit le capitaine Moufflet (Moufflot ici) tient plus à la reconquête par les Français de la ville où il est hospitalisé (suite à des blessures) qu’à une prise en otage d’une femme médecin-chef dans l’armée allemande. D’ailleurs à cette époque, à mon avis, il n’y a aucune Frau à avoir de telles responsabilités.

Il y a d’autres aspects totalement fictionnels du récit comme un projet concurrent de véhicules automobiles pour la neige porté, pour un industriel, par un officier dont la moralité est douteuse. Toutefois, avec un graphisme où les personnages ont des visages assez torturés et les éléments du décor assez symboliques, le lecteur approche sérieusement dans ce tome trois univers distincts celui de l’Alaska et plus particulièrement de Nome (bien au nord-ouest du pays, donc pas très loin du détroit de Behring), celui des Vosges en guerre (très belle page 36 avec un village dévasté où se meuvent les soldats français) et un Paris toujours ville lumière. D’ailleurs les ambiances colorées sont fort bien adaptées à chacun des trois univers.

Durant l’hiver 1914-1915 dans les Vosges où le front suit en gros la frontière de 1871 (avec une petite avancée française au sud et une timide avancée allemande au nord), il s’avère très difficile de ravitailler les soldats dans les tranchées. Va alors naître l’idée, chez un officier ayant vécu en Alaska, d’utiliser des chiens de cette dernière région afin de mouvoir des traîneaux. Outre une cinquantaine de pages de BD, dont trois pages extraites du futur second volume, on compte dans cet album six pages documentaires largement illustrées.

Le tome 2 "Melun, printemps 1915" devrait nous permettre entre autre de suivre le trajet de ses chiens de traîneau en bateau sur l’Océan pacifique, puis en train sur toute la largeur du Canada. Faire voyager les chiens dans ses conditions demandait une excellente connaissance de ces animaux et une autorité sans pareil sur eux. On trouvera aussi une description de la vie à Nome vers 1900 lorsque les chercheurs d’or s’y précipitent et que plus de 12 000 personnes y résident.

Pour tous publics Beaucoup d'illustrations Plan autre

Xirong

Note globale :

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