Avis de Octave : "Et cette signature: La femme adultère"
L’action se déroule en 1927 et 1928 pour l'essentiel à Roubaix ; Alfred Demeester a eu deux filles. L’une Adéline est institutrice laïque dans un village et René Bazin en donne une image positive, développant en particulier un peu l'intérêt qu'elle porte à l'histoire de la Flandre. L’autre Mélanie est ouvrière, a un mari bien malade et une enfant. Elle quitte son mari, qui décède peu après, et laisse sa fille Claire au grand-père de cette dernière. La Belgique n’est pas loin et c’est avec un homme que Mélanie s’est installée à Menin, une ville frontalière de près de 20 000 habitants à l’époque.
Outre le milieu des tisserands, c’est l’univers des concours de tir à l’arc qui est ici exploré par l’auteur. La procession du Saint Sang de Bruges a lieu le jour de l’Ascension et dans cette perspective Adeline pourrait y trouver la grâce. Notre titre "Et cette signature: La femme adultère" est une phrase de l'auteur en rapport avec cet évènement religieux. Rappelons que cette cérémonie fait revivre le retour du comte de Flandres Thierry d’Alsace de la Deuxième croisade ; il en ramène, d'après ses dires, quelques gouttes de sang coagulé de Jésus Christ imbibées dans un morceau de terre.
Par ailleurs une autre dimension historique est présente pages 122 à 124 ; il s’agit d’évoquer là la fidélité des habitants de Tournai au roi de Bourges et donc de dire un mot sur Jeanne d’Arc. Des pages très intéressantes, de diverses plumes, resituent l’univers culturel, social et religieux de Roubaix dans l’Entre-deux-guerres.
Voici ce que dit, à la sortie de roman, l’abbé Bethléem, lui-même d’origine flamande :
« Ce qu’il faudrait montrer, et la tâche est impossible, c’est combien l’auteur a compris profondément , à force d’intelligente sympathie, ces âmes d’ouvriers (…) cette petite sœur qui veille et convertit un anarchiste, malgré la peur qu’elle ressent devant cet énergumène armé d’un revolver ; ce couple de patrons chrétiens, conscients de leur responsabilité sociale, impuissants parfois à faire crouler la barrière sociale entre eux et leur plus vieux ouvrier ; surtout cette pauvre Adeline, coupable, obstinée d’abord, puis punie par le remords, et qui laisse la souffrance ouvrir en son âme par où viendra la grâce ».
("cette petite sœur" désigne ici une religieuse)
(on est ici face à des acteurs originaires de la partie française de la Flandre, comme l’abbé Bethléem)
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