Avis de Ernest : "Un éclairage inattendu sur la pensée de Maria Montessori"
Cet ouvrage rassemble un texte de Maria Montessori qui n’avait jamais été porté qu’à la connaissance d’un nombre très restreint de personnes depuis longtemps disparues ; l’édition originale, sous le titre d’Il Peccato originale (Le péché originel), date de 2019. Son contenu montre comment, pour son auteure, la doctrine chrétienne du péché originel n'est pas en contradiction avec sa propre méthode pédagogique. Rappelons Maria Montessori a développé une pédagogie qui se voulait scientifique, avec d’ailleurs l’idée que l’enfant est là pour apprendre et non pour jouer. Ceci est un peu en contradiction avec le message rousseauiste, délivré ici, message qui tend vers une pédagogie naturaliste, spontanéiste, fondée sur la liberté de l’enfant.
L’idée globale développée ici est que par l'éducation, et aidé par la grâce du Christ, on peut amener l’enfant à se construire une personnalité qui rappelle celle qu’avait l'homme avant le péché originel, donc proche de Dieu. Le livre est introduit par l’historien de l’éducation Fulvio de Gorgi. Ce dernier rappelle d’ailleurs justement que Maria Montessori se fit la gardienne du temple de sa méthode (page13), ce qui limita en son temps l’expansion de la Montessori Society. Aujourd’hui, la marque n’ayant pas déposée, tout le monde peut se réclamer de Montessori et on voit même des éditeurs traditionnels en matière de livres et matériels scolaires qui autolabellisent "Montessori" des produits dont on peut chercher longuement ce en quoi ils relèvent de la pédagogie nouvelle.
Fulvio de Gorgi rédige également une conséquente postface de plus de 90 pages, dont on retiendra :
« Maria Montessori avait une vision cosmico-spirituelle – avec un vitalisme immanent de l’amour – qui ne méconnaissait pas la présence du mal dans le monde (…) et qui apparaît en syntonie avec les courants les plus récents de la théologie catholique » (page 183). Bref un catholicisme ouvert, basé sur la liberté de conscience et sur une éducation spirituelle à la liberté.
Le texte est présenté en anglais et français, les deux versions face à face. En effet c’est dans les archives du couvent de l’Assomption de Londres qu’il a été retrouvé et il s’il avait été écrit,suite à une conférence tenue à Londres en 1919, dans la langue de Dante en 1921, il fut traduit en anglais par entre autre une des sœurs du couvent. Il y eut d’autres collaborateurs, cette fois américains, pour le passage dans la langue de Shakespeare.
Pour connaisseurs Aucune illustration