Avis de Alexandre : "Après les armistices la paix s’installe à l’ouest, les guerres reprennent à l’est"
En France, on a tendance à croire que les divers traités de paix signés dans l’année 1920 fixent les frontières de l’Entre-deux-guerres, en fait c’est loin d’être le cas. Les Soviétiques et les Turcs vont remettre en cause des textes, avec peu de succès pour les premiers et une belle performance pour les seconds.
L’intervention des troupes françaises en février 1920 à Marache (aujourd’hui Kahramanmaraş) en Anatolie que le mois précédent des Turcs ont attaquée, se conclut par un abandon de la ville et les "ghiavours"(chrétiens) de toutes origines sont largement tués. « En refusant le combat et en se repliant, le corps expéditionnaire s’est discrédité, il a renforcé l’énergie de ses adversaires et, plus encore, a semé la peur dans le camp des amis de la France qui savent qu’ils ne peuvent plus compter sur elle » (page 351). Les Arméniens d'abord massacrés et déportés en pleine guerre, souffrent donc encore à la fois dans des régions qui étaient loin du front (comme la Cilicie) ou qui étaient occupées jusqu’au traité de Brest-Litovsk par la Russie. Le République d’Arménie doit se jeter dans les bras des soviets pour ne pas disparaître complètement et bientôt le géorgien Staline la réduira à une peau de chagrin, accordant à la Géorgie et l’Azerbaïdjan de très nombreux villages majoritairement peuplés d’Arméniens. « Dès lors que Denikine était battu et que la Russie révolutionnaire revenait en force dans le Caucase, la Grande-Bretagne et la France ont préféré l’option d’une Turquie forte à celle d’un ensemble de petits États plus ou moins viables face au danger bolchévique » (page 355). Si l’Empire ottoman est un grand perdant de la Première Guerre mondiale, la Turquie est l’éclatant vainqueur de l’après-guerre car Mustapha Kemal chasse de larges espaces non seulement les Arméniens et les Français mais aussi les Italiens et les Grecs.
Le récit de cet ouvrage commence par nous révéler certains dessous des négociations du Traité de Versailles qui voit d’ailleurs une opposition entre les positions de Clemenceau, très conscient des options de Wilson et Llyod George, et les souhaits de Foch de démanteler l’Allemagne. L’auteur nous dresse le portrait des nouveaux pays apparus en Europe centrale dans une deuxième partie. Le troisième volet insiste sur la bolchévisation de la Révolution russe et sur les conséquences qui en découlent, mais également sur la situation intérieure chaotique de l’Italie qui va favoriser l’apparition du fascisme.
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