Avis de Benjamin : "Jean Zay en Vendée pour les enfants du Loiret"
Jean Zay est entré au Panthéon, par le souhait de François Hollande en 2015. Ceci a amené à voir paraître en nombre assez important d’ouvrages retraçant sa biographie depuis 2012. Les propres écrits (romans et livre de souvenirs) ont été édités ou réédités. Dès le milieu des années soixante, des historiens s’étaient attachés à entretenir sa mémoire, il s’agissait de Maurice Chavardès et Marcel Ruby. Ce dernier avait rejoint le parti radical à l’occasion du nouvel élan que lui avait donné Mendès-France et il lui resta fidèle, refusant de le quitter pour les radicaux de gauche, dans un département longtemps marqué par la figure radicale d’Édouard Herriot, très longtemps maire de Lyon, militant laïque irréprochable et membre très actif de la Libre Pensée.
En France, en 2015, 126 établissements d’enseignement portent le nom de Jean Zay (résidences universitaires et gymnases compris). Le 1er septembre 1939, Hitler envahit la Pologne, ce qui entraîne deux jours plus tard la déclaration de guerre conjointe de la France et le Royaume-Uni à l’Allemagne.
Cette brochure part d’un évènement s’étant produit aux Sables d’Olonne un peu plus d’un mois auparavant, aux lendemains du 14 juillet, date de la nouvelle fixation du début des vacances scolaires, justement décidée par Jean Zay. Il s’agit de la venue de celui-ci, en tant que ministre de l’Éducation nationale, pour inaugurer la colonie de vacances appartenant à l’Œuvre universitaire du Loiret. Jean Zay est en effet député radical-socialiste de ce département depuis 1932. Les conditions dans lesquelles se déroulent l’inauguration sont de ce centre de vacances sont largement exposées par un texte et illustrées grâce à de nombreuses photographies.
À la suite de ce premier article, on trouve une contribution intitulée "Front populaire, colonies de vacances et auberges de jeunesse en Vendée" où sont notamment présentées les nombreuses structures laïques ou catholiques qui répondent au besoin d’offrir des vacances aux jeunes. Certaines sont déjà présentes avant-guerre alors que d’autres apparaissent, dans les premières années de la IVe République, sous la houlette de municipalités de la banlieue rouge. Ceci se traduit notamment par la venue à Saint-Hilaire-de-Riez en juillet 1950 de Maurice Thorez pour découvrir les bâtiments appartenant à la mairie d’Argenteuil.
La question de la défense la laïcité en Vendée est abordée à travers le discours tenu par Louis Métais responsable départemental et national du SNI (syndicat national des instituteurs) lors de la venue de Jean Zay en septembre 1937 pour la pose de la première pierre de l’École primaire supérieure pour jeunes filles de Luçon, établissement que le gouvernement de Vichy transformera en collège à la rentrée 1941. Louis Métais, alors directeur de l’école de garçons de l’Ile d’Elle, donne un extrait d’un discours de 1922 d’Édouard Herriot : « La laïcité, c’est la plus grande idée des temps modernes. Quand vous luttez pour elle, n’oubliez pas que vous vous honorez. Inscrivez ce principe en tête de tous vos programmes et combattez pour elle, vous luttez contre le sectarisme et pour la fraternité ».
Un autre article expose la politique scolaire et de la jeunesse du Front populaire. Rappelons que Jean Zay resta ministre de l’Éducation nationale de 1936 à 1939. Comme nouveautés dans le domaine scolaire on a, durant cette période, l’obligation des activités sportives dans l’enseignement primaire et secondaire, la création des bibliobus départementaux, le passage de la scolarité obligatoire de 13 à 14 ans… Notons que l’excursion géographique d’Abel Bonnard (ministre du Maréchal Pétain) est la fille des classes promenade que Jean Zay ministre de l’Éducation nationale du Front populaire a recommandées en s’appuyant sur la pratique des classes Freinet.
Jean Zay n’est pas seulement ministre de l’Éducation nationale, mais également des Beaux-Arts, on lui doit notamment l’ouverture de trois musées à Paris, la création du Festival de Cannes (que la déclaration de guerre empêche de se tenir en septembre 1939), la création de l’ENA et du CNRS.
Une dernière contribution montre comment par les textes et les dessins la presse conservatrice vendéenne (très largement dominante dans le département) prit régulièrement pour cible Jean Zay durant son passage au ministère et jusqu’en 1944 du fait non seulement de ses actions gouvernementales mais aussi parce qu’il avait pour père et mère des personnes d’origine juive d’ailleurs de confession protestante. Cet ouvrage édité par le CDHMOT de Vendée est en vente dans ses locaux (voir https://cdhmot85.wordpress.com/)
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