Avis de Alexandre : "Maudit soit mon sang!"
Paul Pelliot est un archéologue français né et mort à Paris, respectivement en 1878 et 1945. On lui doit d’avoir acheté, en mars 1908, pour une somme quasi symbolique à Wáng Yuánlù des manuscrits, ayant trait en particulier avec le bouddhisme et le christianisme nestorien, que celui-ci avait découverts dans une des grottes de Mogao (ou de Dunhuang). Celles-ci sont situés dans l’extrémité ouest du Gansu près du Xinjiang (ou Turkestan chinois). Parmi ces textes, on trouve le récit du voyage en Inde, entre 723 et 728, du moine coréen Hyecho mort en 787 dans le Shanxi au mont Wutai. Faut-il voir dans Émile Thelliot (un des personnages de ce roman) un Paul Pelliot qui aurait dérapé ? La culture qui est prêtée au premier et la reprise du fait que nous avons énoncé le confirme.
En tout cas l’idée d’évoquer, par le biais de l’officier français chargé de mettre la main sur lui, le Bataillon colonial sibérien français est positivement étourdissante. Celui-ci, largement méconnu, est constitué le 14 juillet 1918. Il se compose de deux compagnies du 16e Régiment d’Infanterie Coloniale basé dans la concession française de Tianjin en Chine, de deux compagnies du 9e Régiment d’Infanterie Coloniale et d’une compagnie du 3e Zouaves toutes deux en garnison au Tonkin. Les troupes arrivent à Vladivostok en août 1918 et aident en particulier l’évacuation des troupes tchèques. Ce sont des anciens soldats de l’arme austro-hongroise, faits prisonnier par les Russes et retournés par eux. La Russie ayant signé la paix avec les puissances centrales, ils rentrent par les lignes du Transsibérien dans l’objectif d’aller combattre sur le front français. Ils sont d’ailleurs commandés par un astronome français originaire de Slovaquie (fils de pasteur) à savoir Milan Rastislav Stefanik. Le Bataillon colonial sibérien, après une courte mais rude campagne d’hiver est rapatrié en mars 1920 à Tianjin. Le bataillon a effectué pendant 2 ans 20 000 km, allant à l’ouest jusqu’à Oufa aux limites entre l’Asie er l’Europe.
L’action démarre en décembre 1918 avec un dialogue entre le lieutenant Verkel et l’adjudant Ferrand et il nous est fort à propos expliqué que la force d’intervention contre les soviétiques était composée essentiellement de Japonais. Ajoutons que ces derniers étaient entré en guerre dès l’été 1914 et s’étaient emparés des colonies allemandes en Asie ; ils n’avaient envoyé combattre ailleurs aucune troupe mais avait financé un hôpital à Paris, un à Saint-Pétersbourg un à Londres. Les armées blanches en Sibérie sont encore d’une force conséquente fin 1918.
Est aussi fantastique cette idée d’introduire un Émile Thelliot, devenu un collaborateur du général Mâ Ying Djou qui contrôle le Turkestan chinois et la Kashgarie en particulier. Émile Thelliot peut ainsi faire de nouvelles découvertes archéologiques sans être préoccupé par la présence des confrères européens. Trompé par de faux documents, comme les autres, il entend prouver que « l’Asie centrale est le berceau de la race aryenne (…) le peuple primitif ne peut venir que de ces terres-ci puisque les eaux du déluge s’en sont retirées » (page 281).
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