Avis de Benjamin : "Quid de la culture commune pour tous les jeunes Français ?"
Pour l’auteur (un économiste) de ce titre, la ségrégation sociale et scolaire est une marque du système éducatif français. Il s’agit ici de répondre aux questions suivantes: évaluation du niveau de ségrégation, mécanismes mis en œuvre, effets scolaires de cette ségrégation en matière de performances et moyens de remédier à celle-ci.
Une fois de plus, on constate que nos auteurs contemporains, selon l’expression, sont "courageux mais pas téméraires". À Jean-Luc Joing qui refusait de dire le nom de cet ancien président de l’Assemblée nationale (peut-être Richard Ferrand ou François de Rugy) ignorant que la laïcité est inscrite dans la Constitution depuis 1946, succède Youssef Soudi qui fait l’impasse sur le patronyme de l’homme politique qui avait déclaré deux choses assez contradictoires. La question est donc de savoir qui pouvait criait le 26 avril au retour de la guerre scolaire face aux timides propositions de faire concourir l’enseignement privé sous contrat à l’objectif de mixité sociale et s’indignait des replis communautaires alors que dans le même mouvement il rappelait que la fraternité était une des valeurs de la République.
La ségrégation sociale est mère de la ségrégation scolaire. Certains collèges ont permis des stratégies afin que des parents s’affranchissent de la carte scolaire. Les remaniements de la carte scolaire entre collèges publics tentent timidement d’harmoniser les origines sociales des familles des élèves, sauf s’il y a une volonté forte au niveau d’une ville ou d’un département (il y eut une grande impulsion en Haute-Garonne). Selon que le collège de secteur soit jugé plus ou moins attractif (du fait de sa composition sociale), la proportion d’enfants du quartier, issus de milieux favorisés, dans le privé peut passer du simple au double (voire à près du triple de façon exceptionnelle).
Youssef Soudi consacre un chapitre aux diverses caractéristiques de l’enseignement privé. À la page 154, il rappelle que l’on est pleinement à ce jour dans la situation que Michel Debré entendait ne pas supporter de voir, lors du vote de la loi portant son nom et qui voit les enseignants du privé recevoir un traitement de l’État. Ses mots étaient : « Mais, je vous le dis, il n’est pas concevable, il n’est pas concevable, pour l’avenir de la nation, qu’à côté de l’édifice public de l’éducation nationale, l’État participe à l’élaboration d’un autre édifice qui lui serait en quelque sorte concurrent et qui marquerait, pour faire face à une responsabilité fondamentale, la division absolue de l’enseignement en France » (page 154).
Par ailleurs, Youssef Soudi propose, dans un chapitre spécifique, des idées pour favoriser la diversité sociale dans l’enseignement privé. On peut proposer la création d’un malus et d’un bonus à attribuer selon la composition sociale, mais avec le risque que l’établissement choisisse les élèves (issus du public) avec les meilleurs résultats scolaires. Le plus intéressant serait de prendre pour critère les évaluations de CM1, tant qu’il n’y en aura pas pour le CM2 en vue d’un aggiornamento. Youssef Soudi termine son ouvrage par ces mots : « Agir sur cet écart entre les discours et l’expérience que font les élèves et leurs familles de l’institution scolaire apparaît alors comme une étape indispensable vers un système éducatif plus juste – et une société moins conflictuelle » (page 210).
Pour tous publics Quelques illustrations