Avis de Xirong : "Aux racines de l'antisionisme"
En France, à la fin du XIXe siècle, les premiers à être d’accord avec les idées sionistes furent des antisémites partisans du retour de tous les juifs de l’hexagone en Israël, les autorités russes voyaient également cette perspective d’un bon œil. Francis Khalifat, il est vrai ancien militant du Betar et né dans l’Algérie coloniale, en juillet 2017 lors de la cérémonie du soixante-quinzième anniversaire de la Rafle du Vel d’hiv, malheureusement déclare :
« L’antisémitisme a toujours su se réinventer et prendre des formes nouvelles : le terrorisme antisémite des djihadistes, l’antisémitisme politique de l’extrême-droite, l’antisémitisme antisioniste de l’extrême-gauche, l’antisémitisme religieux d’une partie du monde musulman jusque parfois dans nos quartiers »
Theodor Herzl fut le père du sionisme politique et un des mérites de l’ouvrage est d’expliquer ce qu’est le sionisme et ses tendances ; ceux qui se réclamaient de Martin Buber (arrivé en 1938 à l’âge de soixante ans en Palestine) ont défendu un état binational et démocratique. Il est bon de rappeler que les premiers sionistes sont des juifs peu ou pas pratiquants la religion et les croyants les plus déterminés attendent l’arrivée de leur messie pour que tout les juifs se retrouvent en Israël. Aujourd’hui certains religieux d’Israël pensent à l’inverse que le retour des juifs en Palestine hâtera la venue du messie. Maintenant l’antisionisme peut avoir comme projet la destruction de l’état d’Israël ou le souhait de voir la pérennité de l’état d’Israël mais son existence dans des formes différentes d’aujourd’hui (retrait des territoires occupés, fin des discriminations ).
Le récit démarre en rappelant la situation des populations en Palestine à la fin du XIXe siècle et poursuit avec l’évolution qui se fait lors du mandat britannique (avec une erreur de coloriage dans la carte page 27). On revisite ensuite les autres grands évènements qui ponctuent le conflit : Première guerre israélo-arabe, Guerre des six jours, Guerre du Kippour, venue de Sadate en Israël, invasion du Liban, intifadas, accords d’Oslo…
Tout au long du récit, des pages imaginent des dialogues souvent post-mortem entre un Israélien juif et un Palestinien. Voici les thèmes abordés : la (re)création d’Israël est-elle moralement justifiée, la question de la colonisation d’une terre qui a été juive et des trois options à l’indépendance (deux états, un état israélien, un état palestinien) mais on verra dans le récit que l’on déboucha sur la création d’Israël et l’annexion du reste de la Palestine par l’Égypte et la Transjordanie (qui devient alors la Jordanie), apartheid ou colonialisme, la violence est-elle contre-productive, entre Israéliens et Palestiniens aurait-il pu avoir un échange de populations, le sionisme comme post-judaïsme ou néo-judaïsme, comprendre le panarabisme et le palestanisme, Israël et la bombe atomique (obtenue grâce à Paris nous dit-on), deux mises en garde de Kofi Annan (autour des violences provenant des deux camps et la prolifération nucléaire), aux États-Unis les juifs sont une communauté nationalitaire (dimension communautaire et appui de certains chrétiens américains qui voient dans le retour des juifs en Israël une étape pour accélérer l’arrivée de la fin des temps), du Talmud sanhédrin 98B (évocation passage de la Bible où un taureau quitte un enclos récupéré par un cheval pour faire ensuite le point sur la situation actuelle).
Les explications sont clairement amenées par des biais divers (dialogues, récit et sur un point très précis page didactique), le dessin se rapproche du rendu de la photographie ancienne (usage seulement du noir, blanc et sépia) pour les deux derniers cas alors que pour les dialogues on est dans un style caricatural utilisant nombre de couleurs différentes. En résumé voilà une intelligente vulgarisation (d’ailleurs un glossaire de quatre pages sera précieux pour certains lecteurs) d’un conflit sur un mode de questionnements successifs.
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