Ecrire un avis

Brève psychanalyse de la France

Brève psychanalyse de la France
Plon263 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Thierry Volton argumente son propos par des informations invérifiables et parfois possiblement tronquées"

Cet ouvrage est un bréviaire du libéralisme économique. Il passe ici son temps à dénoncer le coût des services publics et de la politique étrangère française de non-alignement sur celle des USA. D’ailleurs nombre d’autres titres de Thierry Volton repassent le même message.

La partie la plus intéressante du livre reste celle où il montre la continuité entre certaines décisions technocratiques et certaines mesures prises à la fin de la IIIe République puis sous le gouvernement de Vichy ou durant l’État français puis à la Libération, le recyclage gaulliste de hauts fonctionnaires pétainistes, sans compter sa démonstration du captage de l’histoire de la Résistance par une alliance objective entre gaullistes et communiste. Mais même dans cette partie où il rapporte des faits historiques Il tronque des informations. Écrire : « Louis Aragon qui avait brillé par son silence pendant la guerre » est faire preuve d’inculture ou/et de mauvaise foi. Des générations d’élèves de l’enseignement secondaire ont lu le poème La rose et le réséda paru dans Le mot d’ordre avec l’accord du directeur du journal Louis-Octave Frossard, un juif protégé par Laval.

Les notes de page ne servent qu’à donner un vernis d’historicité au lecteur béotien. Jamais la page où l’auteur prend l’idée n’est citée, il est donc quasi impossible de vérifier les sources de l’auteur. Certaines évocations viennent d’auteurs dont on doute qu’ils rapportent ce que Wolton écrit, soit parce que ce dernier les a mal lues, soit qu’il les a tronquées, soit que l’auteur du texte (sur lequel s’appuie Wolton) a choisi de nourrir son propos d’anecdotes croustillantes à partir de réalités bien plus banales.

Cité avec une double référence (Secrets des archives américaines, Pétain, Laval, De Gaulle de Neri E. Gun et J’étains interprète de Staline de Valentin Beriejko), mais évidemment sans le moindre renvoi aux pages en question, ce propos énoncé entre Roosevelt et Staline (sans que Churchill ne dise le moindre mot, peut-être a-t-il filé à l’anglaise bien sûr) à la Conférence de Yalta est bien étrange à divers titres (notamment parce que Roosevelt semble désirer une zone pour les Français, ce qui fait quatre mais pas trois zones d’occupation en Allemagne):

« - Comment avez-vous trouvé de Gaulle ? demanda Roosevelt.

  • Plutôt compliqué et guère réaliste, répondit Staline.
  • Laisse-moi vous raconter la comédie que m’a jouée ce monsieur à Casablanca, poursuivit Roosevelt. Il se dresse devant moi et déclame : "Je suis Jeanne d’Arc, le souffle spirituel de la France, mais je suis aussi Clemenceau, j’ai son génie politique".
  • Il ne semble pas comprendre la situation française, estima Staline. La contribution actuelle des gaullistes est infime et, en 1940, les Français ne se sont pas battus.
  • J’ai décidé d’armer huit divisions nouvelles, formées de Français qui ont déjà l’habitude du combat, précisa Roosevelt.
  • Cela aidera les armés américaines, mais il n’empêche : de Gaulle ne commande presque rien !
  • Je suis tout de même d’accord pour établir trois zones d’occupation en Allemagne, dit Roosevelt.
  • Mais pas  de zone française ! s’exclama Staline.
  •  Les Anglais veulent que je rétablisse l’ordre en France, que je contrôle la situation, que je calme les Français, puis quand tout ira bien, ils nous remplaceront…
  • Et pourquoi la France devrait-elle avoir une zone ?
  • Si on leur donne une zone c’est par pitié, répondit Roosevelt.
  • D’accord, c’est le seul motif valable, la pitié ».          

L’auteur part d’une idée et l’illustre parfois dans la plus grande méconnaissance des réalités. Ainsi peut-on lire page 119 « parmi tous les premiers ministres qu’a comptés la Ve République seuls deux d’entre eux (Édith Cresson et Pierre Bérégovoy) n’étaient pas issus de la haute administration. Signalons que Georges Pompidou (six ans Premier ministre) est à l’origine un professeur de lettres passé ensuite dans le secteur bancaire, Pierre Mauroy était professeur de l’enseignement technique, que Jean-Pierre Raffarin fut étudiant à l’École supérieure de commerce et commença sa carrière pour le café Jacques Fabre.

Certaines informations (destinées à frapper le lecteur) semblent assez fantaisistes comme page 125 « L’État doit désormais engager 850 milliards d’euros au titre de la retraite de ses employés, soit 55% de la richesse nationale produite en une année ». Rappelons qu’au sujet des attaques de Wolton autour de la personnalité de Jean Moulin, en 1997 Vidal-Naquet dit « Wolton est un falsificateur du genre de Faurisson » et qu’Antoine Prost cite Wolton comme l'exemple même d'un non-historien dont les méthodes ne sont pas rigoureuses.

Pour tous publics

Adam Craponne

Note globale :

Par - 751 avis déposés - lecteur régulier

332 critiques
16/09/23
Le désir d’enfant reste plus élevé en France (autour de 2.4 enfants par couple) que le niveau actuel de l’indice de fécondité (1.83) ne le suggère. La politique familiale est un élément de solidarité intergénérationnelle et les pouvoirs publics devraient s’en saisir compte tenu de la baisse continue des naissances en France.https://www.alliancevita.org/2023/09/baisse-des-naissances-en-france/?utm_source=brevo&utm_campaign=Revue%20de%20presse%20du%2015%20septembre%202023&utm_medium=email
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Vous aussi, participez en commentant vos lectures historiques facilement et gratuitement !

Livres liés

> Suggestions de lectures sur le même thème :
> Autres ouvrages dans la même catégorie :