Avis de Patricia : "Moscou troisième Rome ou troisième porte de l’Enfer ?"
De l’introduction, on retiendra :
« Comment expliquer le tournant du poutinisme vers un régime de mobilisation générale contre l’Occident ? Comment expliquer que ce même Potine, qui multipliait les références à Emmanuel Kant, auteur du traité Vers la paix perpétuelle, et au très européen Pierre le Grand, ait décroché le portrait du tsar de son bureau et se soit détourné de ses instincts premiers pour poursuivre une politique slavophile ? » (page 12).
« Quelles sont les forces qui ont joué un rôle déterminant dans la décision de Poutine d’entrer en guerre ? Sa déconnexion manifeste de la réalité de terrain, persuadé qu’il était de venir à bout de l’Ukraine en quelques semaines, n’est-elle pas en partie fue à profond regain millénariste dans le chef du président ? C’est-à-dire qu’au-delà d’une victoire géopoltique, c’est le destin de la Russie qui est en jeu ».
Les auteurs posent l’idée que dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie, on est dans le domaine de la guerre de civilisation, à savoir d’un côté l’Occident chrétien et de l’autre l’univers de l’orthodoxie derrière lequel se rangent des groupements caractérisés par leur hostilité aux USA. Des deux côtés, on proclame mener une guerre juste dans un cas pour la défense d’un pays agressé et de l’autre afin de réunir les peuples slaves derrière une orthodoxie spirituelle menacée par les attributs de la décadence occidentale marquée globalement par l’immoralité.
Sébastien Boussois et Noé Marin entendent réaliser ici une analyse des paroles et des actes à la lumière des idées véhiculées par un slavophilisme allié à un syncrétisme religieux basée sur une certaine conception russe de l’orthodoxie avec une touche de millénarisme et une empreinte de mysticisme pouvant avoir recours à l’occultisme et au chamanisme. Dans ce contexte, dans les pages cent-vingt, les auteurs voient une possibilité de médiation dans le conflit venue du Vatican et des leaders des vieux-croyants. D’autre part, il est rappelé que nombre de nations occidentales se sont coalisées contre la Russie, il y a un peu plus de cent-cinquante-ans. Ce fut dans la cadre de la Guerre de Crimée et il s’agissait alors d’empêcher l’effondrement de l’Empire ottoman, ceci se serait traduit notamment par une avancée de la Russie vers la Méditerranée et une mainmise russe sur les lieux saints.
L’idéologie des dirigeants russes actuels est analysée en quatre chapitres respectivement intitulés : Les ressorts spirituels de la politique russe, Une Église au service du pouvoir ou un pouvoir au service de l’Église, La guerre en Ukraine et Le monde russe : le rousskiy mir fracturé.
Pour connaisseurs Aucune illustration