Avis de Adam Craponne : "Est-ce le pouvoir politique qui rend fou ou bien faut-il être fou pour réussir en politique ?"
La généralisation n’est pas une bonne chose mais on sera gré au syndicat de tous les spécialistes en médecine générale d’avoir posé la question qui nous sert de titre. Marc Joly sort à un mois de distance deux ouvrages, à savoir La perversion narcissique et La pensée perverse au pouvoir. Ce dernier devait sortir plus tôt mais notre auteur avait dû pressentir que des évènements intéressants allaient sûrement permettre d’enrichir le portait d’Emmanuel Macron. Il ne fut certainement pas déçu avec tout ce qui suivit les élections européennes.
Marc Joly s’appuie essentiellement les travaux du psychiatre et psychanalyste Paul-Claude Racamier et plus ponctuellement sur ceux du sociologue Norbert Elias ainsi que sur d’autres come la psychothérapeute Isabelle Nazare-Aga (auteure en particulier du livre Les Manipulateurs sont parmi nous. Qui sont-ils ? Comment s’en protéger ?. Ces études s’avèrent utiles pour dresser le portrait pathologique du président de la République française.
Pour promouvoir le capitalisme illibéral et international, E. Macron s’appuie sur une conception très autoritaire et verticale de sa fonction. Une comparaison est filée sur les ficelles ayant permis à Bernard Arnault de bâtir son empire financier et les moyens mis en œuvre par E. Macron dans son parcours pour arriver à la présidence de la République.
Il est prêt à écraser les principes du dialogue social, notre auteur s’attarde longuement sur la confrontation entre Macron et le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger pour illustrer tout le manque de scrupules du premier et en particulier l’absence de fiabilité de ses propos. Sans développer, il met en avant comment, en juin 2024, l’écologiste Marine Tondelier par ses déclarations claires et constantes dans leur contenu met elle aussi en exergue par opposition l’absence de sincérité présente chez le président actuel de la République.
L’auteur revient sur certains épisodes largement médiatisés dans leur temps, comme son conseil à un allocataire du RSA de traverser la rue pour trouver un emploi, afin de montrer la continuité et la logique du discours tenu par Emmanuel Macron. Il rapporte les discours aigres de ceux qui l’avaient soutenu en 2017, en voyant en lui un second Michel Rocard et qui, plus ou moins après son élection, marquèrent des signes d’effarement devant ses actions. On a également quelques pages autour de la vente, certainement intéressée, d’Alstom aux Américains, alors que Macron était ministre de François Hollande.
Les propos que tient Brigitte Macron sur son mari et Emmanuel Macron sur sa famille sont assez largement rapportés afin d’éclairer les racines de la pensée perverse du personnage. On retrouve chez cet individu la préséance d’idéaux égoïstes, la pensée que ses propres intérêts sont conformes à ceux du pays, une absence d’empathie, des actions dans un but exclusivement opératoire, un fort attrait pour l’image et l’apparence , une façon messianique d’annoncer ses décisions, et à notre avis personnel, comme Pierre Laval sous l’Occupation, une propension à croire que le seul tribunal auquel il devra répondre sera celui de l’Histoire qui émettra à son encontre un jugement éminent favorable.
coup de coeur !Pour tous publics Peu d'illustrations