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Goán tau chez moi

Goán tau chez moi
Çà et là 196 pages
1 critique de lecteur

Avis de Xirong : "D’une France hexagonale et d’un Taïwan ovale"

Le titre de cette BD serait en caractère chinois 我家 qui se dit en chinois "wǒ jiā" mais en taïwanais et dans une langue du Fujian ( la province chinoise continentale en face de l’île de Taïwan) on prononce "goán tau". L’auteure annonce, avec ce titre, qu’elle possède une double identité, elle est à la fois française et à la fois taïwanaise. Rappelons que l’île de Taïwan dépendit que brièvement d’un pouvoir chinois continental, à savoir de 1683 à 1895 et de fin 1945 à 1949. À cette dernière date, les communistes ayant pris le pouvoir sur le continent, les nationalistes dirigés par Jiangjie Shi  (Tchang Kaï-chek) se réfugièrent sur l’île qui avait été une colonie japonaise durant un demi-siècle.

Ces Chinois, locuteurs en mandarin, vinrent enrichir de façon minoritaire en nombre, les populations existantes depuis plusieurs siècles à Formose, à savoir dans l’ordre d’arrivée les populations indigènes de type austronésien  (voir https://www.tahiti-infos.com/Nos-ancetres-les-Taiwanais_a153637.html), les descendants de Chinois venus du Fujian s’exprimant en taïwanais (une variante du minnan parlé au Fujian) arrivés à Taïwan progressivement depuis  le XIIIe siècle et les hakkas (une peuple habitant le centre de la Chine qui connut des migrations successives sur l’île à partir du XIIIe siècle après Jésus-Christ) qui s’exprime dans un langage assez proche du chinois médiéval selon Laurent Sagart.  Il est notable que jusque dans les années 1980, les écoliers étaient punis s’ils s’exprimaient dans une autre langue que le mandarin.

 

Dans le premier chapitre, Li-Chin Lin nous conte son enfance à Taïwan et pour connaître les conditions de sa vie comme enfant et adolescente, on se reportera à son ouvrage "Formose". Elle nous dit dans "Goán tau" qu’elle est arrivée en France en 1999 (soit à vingt-six ans, d’après sa biographie) , ceci après avoir fait des études d’histoire dans son île.  Sa familiarisation avec le français est laborieuse, tant cette langue présente de mots ou expressions du même sens mais avec des niveaux de langue différent. En 2013, sa BD "Formose" reçoit le prix littéraire des écrivains d’Ile-de-France et cela lui assure une notoriété certaine en prolongement.  

En 2005 et 2017, la narratrice revient à Formose et elle nous livre certains épisodes de sa vie, ces derniers sont largement portés par une dimension culturelle. Les relations intrafamiliales, dans son milieu d’origine,  sont encore marquées par un côté traditionnel. Entre 2010 et 2016, l’héroïne est victime parfois du racisme ordinaire vis-à-vis des Chinois (notons que lors de l’épidémie du corinavirus, ce dernier a redoublé, mais le récit se termine avant). Pour résumer elle se sent française à Taïwan et Chinoise dans l’hexagone.

Elle vit à Valence dans un HLM au-dessus d’un bar et souffre de nuisances sonores intolérables. Les diverses autorités (dont la police et le maire républicain Nicolas Daragon) semblent se refuser à prendre des actions conséquentes qui iraient à l’encontre des intérêts de ce petit commerce. Notons qu’elle finit par obtenir une condamnation du gérant du bar et qu’en 2019, nous apprend France bleu, la mairie propose une charte de la vie nocturne aux commerces concernés. On croit comprendre que cette épreuve fut une des raisons qui brisèrent le couple que l’héroïne formait avec un Français. Le graphisme est un crayonné très expressif.

idé cadeau

Pour tous publics Beaucoup d'illustrations

Xirong

Note globale :

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