Avis de Patricia : "On meurt de moins en moins dans un endroit familier mais on peut avoir une mort apaisée"
La préface est de Marie de Hennezel, psychologue connue non seulement pour avoir écrit en 2016 Croire aux forces de l’esprit, un ouvrage dessinant des traits méconnus de la personnalité intérieure de François Mitterrand mais aussi pour avoir intégrer la première unité française de soins palliatifs créé en 1987 à l’hôpital international de l’université de Paris (devenu aujourd’hui à l’Institut mutualiste Montsouris) et avoir rédigé en 2002, pour le Ministère de la Santé, d’un rapport sur la fin de vie. Dans son texte, elle pointe qu’une des patientes de l’auteure évoque la peur qu’on recommande l’euthanasie plutôt que de chercher à soulager les douleurs (page 13). Notons que la baronne Meacher a déposé au mois de mai 2021 une proposition de loi visant à légaliser l’aide médicale à mourir en Angleterre et au Pays de Galles.
L’ouvrage est paru pour la première fois en 2017 dans une édition en anglais intitulé With the End in Mind: How to Live and Die Well. Il a été salué l’année suivante par le Prix Welcome. Le Dr Kathryn Mannix a travaillé dans les services de soins palliatifs hospitaliers de Newcastle-upon-Tyne au nord-est de l’Angleterre. Elle a suivi une formation de thérapeute cognitivo-comportementale en 1993 et a fondé la première clinique en thérapies comportementales et cognitives dédiée aux soins palliatifs du Royaume-Uni. Elle a pris sa retraite de la pratique clinique en 2015, mais reste active dans la prestation de formations sur les compétences en TCC et dans la campagne pour améliorer la compréhension publique de la mort.
La deuxième patiente présentée dans ce livre se trouve être une Française qui avait suivi en Angleterre, pour l’épouser en 1946, un jeune officier britannique qu’elle avait connu dans la Résistance. À partir du troisième cas, on a une réflexion introductive autour de la situation évoquée ; ainsi parle-t-on d’une poussée d’énergie constituant le chant du cygne du moribond, l’imprévu possible du dernier moment, de veillées de mort, de déni de la gravité d’une situation par le patient, de détresse émotionnelle, de "téléphone arabe" autour d’informations sur un état de santé, d’acceptation par la famille de mauvaises nouvelles, de préparation au deuil, d’arrêt d’un traitement qui ne soulage plus mais prolonge la vie, d’effets pervers de décisions, de la métaphore du voyage pour aborder l’imminence de la mort, d’autopsie, de la dynamique des équipes de soignants, de la concentration épuisante du personnel, de nouvelle prise de conscience de la valeur de la vie … Ce sont les conditions des derniers jours de près de trente personnes qui défilent devant le lecteur. Porteur d’un sentiment de mélancolie joyeuse, ce livre se révèle nécessaire pour une société où la question de la légalisation de l’euthanasie se pose et où chaque département se doit d’être doté d’au moins un service spécialisé en soins palliatifs.
Pour tous publics Aucune illustration