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La chute du Haut-Karabagh arménien (2020-2023) et le jeu des puissances

La chute du Haut-Karabagh arménien (2020-2023) et le jeu des puissances
L’Harmattan 188 pages
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Avis de Patricia : "Le Haut-Karabagh si près du ciel et pourtant en enfer"

Il s’agit là du numéro 16 de l’année 2024 pour la revue Stratégiques Orients. On a ici sept contributions, sans compter une présentation de la question de Julien Zarifian.  Ces trois années voient en 2020 l’Azerbaïdjan reprendre la partie de son territoire occupé par les Arméniens depuis les années 1990 et un tiers du Haut-Karabagh puis, l’armée russe ne jouant pas son rôle de force d’interposition, Bakou s’empare du reste du Haut-Karabagh. Cette dernière région, par la volonté de Staline, reçut un statut de région autonome de l’Azerbaïdjan. Au moment de cette décision, cet espace comptait plus de 85% d’Arméniens.

Le premier texte qui suit rapporte l’action de la Turquie dans le Caucase des tsars après les révolutions de 1917. Ainsi apprend-on que les troupes ottomanes sont présentes, sous le nom d’"Armée de l’Islam" en 1918 en Azerbaïdjan. En Transcaucasie, comme en Turquie auparavant, on assiste à des massacres organisés d’Arméniens. Turcs et soviétiques vont réduire à néant les désirs d’indépendance de l’Arménie et concéder un espace très réduit à la République soviétique d’Arménie, ne lui accordant même pas le mont Ararart, un symbole qui apparaît sur les armoiries de l’Arménie. La Turquie entend avoir un lien territorial avec l’Azerbaïdjan, il existe déjà par l’exclave du Nakhitchevan et elle entend l’obtenir avec le gros de l’Azerbaïdjan par un corridor internationalisé, celui de Zanguezour pour mieux mener sa politique panturque en direction de certaines républiques ex-soviétiques d’Asie centrale. Azerbaïdjan et Turquie ont mené, certes à des époques parfois différentes, une politique de nettoyage ethnique visant les Arméniens. 

La deuxième contribution, de Benyamin Poghosyan, porte sur le rôle de la Russie lors du conflit du Haut-Karabagh qui se déroule entre 2020 et 2023. Russie et Turquie se sont rapprochées depuis le milieu des années 2010, l’Azerbaïdjan a profité de sa manne pétrolière pour acheter un énorme matériel de guerre et la Révolution de velours en Arménie a défavorablement surpris la Russie. Alors que la Russie arrive à imposer un cessez-le-feu en 2020, elle n’a pas joué son rôle de garant de la non-reprise des hostilités en 2023. Le fait que Moscou soit en guerre en Ukraine a pesé sur ce choix. En effet par l’Azerbaïdjan, la Russie est en contact avec l’Iran et par de dernier pays avec l’Inde. De plus le gaz russe se vend en partie sous l’étiquette de gaz azerbaïdjanais. La Russie n’a plus grand-chose à refuser à Bakou dans ce contexte.

Pascal de Crouzaz propose ensuite d’étudier le rôle d’Israël dans le conflit évoqué.  Israël et l’Azebaïdjan sont dans une relation d’échange autour du pétrole et des armes. Certains à Jérusalem admirent le génie avec lequel Bakou a su vider son territoire d’une population pourtant endogène, en rêvant de pouvoir faire de même avec les Palestiniens. De plus l’Azerbaïdjan étant voisin de l’Iran, Israël compte pouvoir mener des attaques contre les installations nucléaires iraniennes grâce à des agents infiltrés venant de l’Azerbaïdjan.

David Rigoulet-Roze mesure les conséquences pour Téhéran de la chute du Haut-Karabagh. Téhéran peut difficilement accepter la création d’un corridor de Zanguezour soit parte intégrée à l’Azerbaïdjan soit indirectement sous influence de Bakou. Par ailleurs un quart des Iraniens sont d’origine azéri et Bakou peut agiter ce levier pour peser en la faveur de sa politique étrangère.

Dans le titre de son papier, Taline Papazian qualifie la politique européenne, dans le cadre du conflit du Haut-Karabagh, d’"effacement, déport et impuissance". Hovhanès Guévorian, représentant de la République d’Artsakh (Haut-Karabagh) scrute le rôle de la France dans le conflit, en répondant aux questions de Taline Papazian. Pour le premier l’ensemble des forces politiques françaises fut favorable à l’autodétermination des populations du Haut-Karabagh. Il égraine les partis en question, à l’exception de LFI. Ce parti est pour une fois sur la même ligne que les autres https://melenchon.fr/2024/04/28/solitude-des-armeniens/ et https://lafranceinsoumise.fr/2023/09/19/soutien-aux-armeniens-du-haut-karabakh/ . Par contre l’unanimité n’est pas parfaite au sein des partis car l’Azerbaïdjan mène une active politique de lobbying en sa faveur et Rachida Dati a largement été séduite par les sirènes de Bakou https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/les-troublants-rapports-de-rachida-dati-avec-l-azerbaidjan

Jean-Luc Racine donne un papier intitulé "La rivalité indo-pakistanaise sur le front caucasien: Le cas du Haut-Karabagh". On ne sera pas surpris de voir Islamabad soutenir l’Azerbaïdjan. On reparle (Benyamin Poghosyan l’avait déjà fait) là cu Corridor de Transport international Nord Sud devant notamment les ports de Mumbai (Bombay) à Bandar Abbas (en Iran).

L’engagement très limité des USA dans la situation est étudiée pat Julien Zarifian. On relève cette phrase finale : « En effet, qu’il s’agisse de l’administration Trump ou de l’administration Biden, si l’empathie, voire la sympathie, pour la partie arménienne sont régulièrement affichées, cela se traduit néanmoins par peu d’engagements, peu d’actions concrètes, et ecore moins de succès, pour stopper, ou au moins freiner, l’Azerbaïdjan dans ses entreprises. Comme souvent, les bons sentiments se heurtent à la complexité des dossiers et, surtout, à la realpolitik » (page 185).

Pour tous publics Peu d'illustrations

Patricia

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