Avis de Adam Craponne : "Le tribunal des flagrants périls"
Juan Branco est apparu sur la scène médiatique lots de l’affaire Griveaux puisqu’il fut l’avocat d’Alexandra de Taddeo et de Piotr Pavlenski. Il est un peu moins connu pour avoir été l’avocat de certains membres des Gilets jaunes. L’auteur raconte d’ailleurs, entre les pages 18 et 21 et ultérieurement dans les pages 70, la situation qui l’a vu accompagner, à l’émission Touche pas à mon poste, Damien Tarel, militant des Gilets jaunes, qui avait octroyé un soufflet en juin 2021 au président Macron alors en déplacement dans la Drôme.
Si les émissions de Touche pas à mon poste se font en direct, le contenu général de l’opinion sur le sujet abordé que s’apprête à émettre les chroniqueurs est connu à l’avance par Hanouna, afin de lui faciliter la direction des débats où les chroniqueurs s’en tiennent au script présentant les grandes lignes des idées qu’ils doivent avancer.
L’auteur s’attache dans un premier temps à rechercher ceux qui ont permis à Cyril Hanouna de se faire connaître, on trouve là évidemment Vincent Boloré mais aussi plus directement engagé dans les productions télévisuelles Stéphane Courbit.
Juan Branco avance par ailleurs que « M. Macron, devenu incarnation étiolée et déjà passablement hes benne du cool et de frais, va en retour, par ses monstrations régulières de sympathie et de considération, légitimer une émission jusque-là méprisée et détestée, l’inféodant et en faisant une alliée fidèle et indéfectible, un pont entre le pouvoir et les classes populaires pouvant à tout instant être mobilisé » (page 29).
On sait que Hanouna a fait de son émission Touche pas à mon poste un tribunal jugeant des faits de société, des conduites de personne allant même jusqu’à remettre en cause l'État de droit autour de l'affaire Lola, durant le mois d’octobre 2022. Pour notre avocat cet épisode constitue un point de bascule dans la démesure chez Hanouna, son orgueil l’amène à se vouloir incarner la voix du peuple. Peuple qui n’est d’ailleurs que celui qui regarde avec complaisance TPMP, soit une bonne partie mais pas la totalité d’au maximum 1 500 000 personnes.
Miroir de l’opinion de certaines parties des classes populaires, Hanouna permet à la bourgeoisie de justifier sa domination sur les sauvages invétérés (terme employé par l’auteur) qu’il est censé représenter (page 82). « La bourgeoisie aime tourner en ridicule cet enfant de près de cinquante ans dénué d’un quelconque intérêt pour les codes qu’elle a tardé des siècles à façonner, et qui a le démerite de fasciner et de dévertuer ses rejetons. Aimant surjouer une consternation qui lui permet, par effet de contraste, de se mettre en valeur, elle ne s’interdit pas de s’emporter à chaque sortie de route de cet homme qui autorise ce contre quoi ses classes se sont élevée (…) » (page 97). L'auteur poursuit plus loin: "Immergé au milieu du pouvoir dont il est l'un des valets, il doit faire face à la bourgeoisie de droite, qui voit son émission comme un symptôme: celui de la décadence de la société. Comme un révélateur: celui de la médiocrité des classes populaires. Comme une évidence: celle de sa supériorité" (page 108).
Juan Branco écrit « M. Hanouna n’est en effet pas seulement quelqu’un qui fait du spectacle, pas seulement le guignol du système au sens étymologique et littéral du terme, chargé de taper sur qui dévierait, mais un être qui nous apparaît, profondément et intimement, comme cherchant à s’instituer à tout prix souverain, riant de lui-même, mais ne tolérant pas que l’on rie de lui, qu’on le critique, renversant en cela la fonction de bouffon jusqu’à en incarner une forme cruelle, et presque sadique, semblable à celle que le Joker a pu figurer » (page 42).
Derrière le show de certains invités, il y a la transformation de gens malfaisants en héros ; selon Juan Branco le meilleur exemple est représentée avec l’escroc Marco Mouly. Ajoutons que Gérard Fauré, personnage plus que trouble, a été invité sur le plateau de Touche pas à mon poste ; il a fait d’ailleurs là l’apologie de la cocaïne, se vantant d’avoir permis à Johnny Halliday de faire ses spectacles et de personnes buvant du sang. Tribunal bis, TPMP réhabilite ou réprouve une seconde fois certains invités. D’autres points sont abordés dans ce titre, et en particulier certains aspects financiers.
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