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L’École sous emprise

L’École sous emprise
L’Archipel192 pages
1 critique de lecteur

Avis de Ernest : "L’enseignant moyen explique la complexité ; l’enseignant talentueux révèle la simplicité (Robert Brault)"

Jean-Paul Brighelli, reprend là, dans plusieurs chapitres, des textes déjà parus sur Causeur.fr dont la rédactrice en chef est Élisabeth Lévy née d’ailleurs comme notre auteur à Marseille. Ils partagent tous deux les craintes d’un "Grand remplacement", du développement du communautarisme,  d’une montée de l’antisémitisme et la baisse du niveau scolaire.

 

Jean-Paul Brighelli, tire dans tous les sens, prenant des faits dans l’actualité de ces trente dernières années pour appuyer son discours. Il ne se hasarde pas trop dans un passé plus lointain, ce qui lui évite ainsi d’écrire des propos saugrenus. Anatole de Monzie a été en effet, comme il est écrit page 66, le premier Ministre de l’éducation nationale en France (avant 1932 on parle d’Instruction publique), de là à voir un "arrière-plan fasciste" dans ce changement de nom (sous prétexte que le Duce avait auparavant créé un ministère avec le même intitulé), je ne comprends guère.

 

Ceci d’autant que notre auteur entend mener une bataille culturelle, en s’appuyant une fois de plus sur une allusion historique très hasardeuses. Je n’ai pas lu divers propos romancier et journaliste Pérez-Reverte (auteur d’un article en espagnol que l’on traduit par C'est la guerre sainte, idiots, à lire avec google traduction ici http://www.perezreverte.com/articulo/patentes-corso/938/es-la-guerra-santa-idiotas/http://www.perezreverte.com/articulo/patentes-corso/938/es-la-guerra-santa-idiotas/) par contre ce que je sais c’est que les royaumes musulmans d’Andalousie se sont mis sous la protection de royaumes chrétiens pour rivaliser entre eux, ce qui a conduit à leur perte et  non à "en finir avec leurs propres extrémismes et leurs propres dissensions" (page 179). 

 

La page d’avant, Jean-Paul Brighelli demande justement de "lancer une Reconquista (…) pour faire comprendre à l’ennemi que nous ne plaisantons plus". Plus loin encore, on peut lire que "Respecter l’élève, cela consiste à l’accabler de travail et de connaissances, pas à lui donner la parole à tort et à travers, en s’extasiant des insanités qu’il profère et qui ne sont que la reprise, caricaturée, des insanités entendues à la maison, dans le quartier, dans les médias et sur les réseaux sociaux" (page 186).

 

Notre auteur appelle à la répression des islamistes radicaux, de certains parents et de certains jeunes. Il demande à juste titre la fin des quartiers ghettos. Que penser de la faisabilité d’envoyer (et ensuite d’y maintenir) des petits groupes de population dans notre diagonale du vide (allant des Ardennes à l’Ariège, là où les densités de population sont relativement faibles par rapport au reste de la France) ?  Ce serait un projet d’une très grande envergure, fruit d’un énorme volontarisme économique et culturel. Pour avoir vécu longtemps au milieu d’habitants de divers villages, je connais les doléances des jeunes qui y résident. 

 

En matière de radicalisme religieux, l’auteur ne connaît que celui de l’islam (ignorant d’ailleurs les mutazilistes), pourtant celui des sphères chrétiennes (dont il ne dit mot) existe et notamment se gausse de la laïcité pour marquer le territoire de ses emblèmes (voir l’affaire de la statue de Saint-Michel aux Sables-d’Olonne).  Jean-Paul Brighelli nie par ailleurs l’existence d’un intégrisme juif actuel en renvoyant à des choix passés incontestables d’assimilation d’israélites aux valeurs de la République (page 78) et en faisant l’impasse sur les nombreuses écoles juives existantes dans l’hexagone. 

 

Une dernière remarque est que selon nous une partie de la gauche n’a pas abandonné ses valeurs d’universalité pour aller "trouver chez les sectateurs de Mahomet l’électorat qui lui fait défaut depuis 2002" (page 10). Des enseignants de gauche sont restés des progressistes et ne sont pas tombés pour autant dans le wokisme. Ils croient toujours en l'unitarisme, l'assimilation, de laïcité et l'universalisme, ces quatre piliers classiques du modèle français de cohésion nationale.

 

Mesurant  les périls du communautarisme, ils n’appellent pas pour autant à voter Marine Le Pen (même si à son crédit, Jean-Paul Brighelli avait prédit l’impopularité que la politique d’Emmanuel Macron susciterait) comme notre auteur et n’ont pas quitté, par exemple en matière syndicale, le SNES pour le SNALC.

Pour tous publics Aucune illustration

Ernest

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