Avis de Adam Craponne : "La Russie si près et si loin de nos limites (et pas dans le sens seulement de "frontières")"
Cet ouvrage, bien vulgarisateur, avait connu une première édition en 2008 et il a été en partie refondu. L’occupation de la Crimée et la guerre dans le Donbass en 2014 ne sont pas de minces nouveautés dans la situation du pays. Des débuts de la Pérestroïka (suivie par la démission de M. Gorbatchev en 1991) à la réélection de Vladimir Poutine en mars 2018, il s’est écoulé plus de trente ans. Françoise Daucé nous donne les clés pour comprendre l’évolution du pays tant du point de vue démographique, social, économique que politique à l’intérieur et à l’extérieur.
Il s’agit de réfléchir autour de ce qui a été fait en matière d’« adaptation des concepts occidentaux de démocratie, de marché ou de société civile aux contextes postcommunistes en général, et à la Russie en particulier ». La Russie d’aujourd’hui n'est ni une démocratie libérale ni une économie franchement libérale. En sept chapitres, l’auteure nous dresse un portrait presque exhaustif de ce que l’on doit connaître de ce pays. Ces derniers ont pour titre respectivement : Les espoirs de libéralisation, Les résistances à l’ordre ancien, Les soubresauts du régime stalinien, Le retour de l’État, Le tournant libéral, La respectabilité de la subversion autoritaire, Les tensions dans la société.
On reste rarement sur sa faim, toutefois des précisions sur les migrants non russes qui se sont installés par millions en Russie auraient mérité d’être données sur les nationalités. Un Arménien ou un Chinois, voire un Mongol, un Ouzbek ou un Africain ne colorent pas de la même manière le pays. Pour connaître un peu la situation de Caucasiens installés maintenant en France, nous savons par ailleurs que nombre d’honnêtes étrangers en Russie sont connus de la police (parfois pour les rançonner) mais pas des statistiques. Plus d’un quart des travailleurs étrangers de ce pays sont en situation irrégulière, semble-t-il. Par ailleurs des renseignements indiquent qu’en 2006 ont eu un pic de violences racistes qui fit 105 victimes et qu’en 2018, avec 4 décès on n’était jamais tombé aussi bas.
On peut regretter que ne soient pas abordés deux points, le premier sur l’influence des gens issus du FSB (ancêtre du KGB) et le second autour l’importance actuelle de l’Église orthodoxe russe.
Pour tous publics Peu d'illustrations