Avis de Benjamin : "Comment en est-on arrivé là et comment en sortir ?"
François Dubet est un des sociologues de l’éducation des plus connus et Najat Vallaud-Belkacem, fut ministre de l’Éducation nationale de 2015 à 2017 sous la présidence de François Hollande. Ce titre est découpé en six chapitres ; ceux-ci se nomment : "Mixité et ségrégation scolaire", ""Les territoires et les acteurs", "Retour sur expériences", "Les effets constatés", "Pour une politique nationale", "L’école dans la société". À cela s’ajoute une conclusion nommée "Un besoin de mixité" et une introduction appelée "Contre l’école du tri".
Cette dernière rappelle qu’en juin 2023 ce sont environ deux-cent écoles qui furent endommagées et une dizaine détruites. Les médias n’interrogèrent pas les raisons de ce déchaînement de ce que les auteurs appellent, en reprenant un mot qui sent bien la culture de la Belle Époque, l’outil de l’émancipation de la jeunesse. On relève ces propos : « Parce que la ségrégation sociale et scolaire est aujourd’hui le véritable fléau de l’école en France, c’est une nouvelle révolution de la mixité que notre pays a besoin. Il n’est pas possible d’apprendre à vivre ensemble, à travailler ensemble, à se parler, se regarder, se comprendre, "faire nation" ensemble, sans avoir au préalable été scolarisés ensemble. Il n’est pas possible non plus de prétendre se mesurer durablement à l’excellence éducative internationale en se privant de tant de cerveaux laissés en friche, au prétexte qu’il valait mieux réserver la réussite à quelques-unes et concentrer ses efforts et ses moyens sur une petite minorité de "meilleurs". Notre réalité inégalitaire est l’une des faiblesses de nos performances éducatives. C’est pourtant l’angle mort effarant des discours déclinistes des contempteurs habituels de l’école » (pages 9-10).
Dans une matière où pèse moins le capital culturel de départ, à savoir les mathématiques, l’écart entre les élèves les plus favorisés et ceux les moins favorisés mesurés par les enquêtes PISA l’écart en France est de 113 en France alors qu’il est de 76 au Canada et de 86 au Royaume-Uni. En matière de mixité scolaire les HLM proposaient tout un milieu varié sociologiquement. On le voit d’ailleurs très bien, dans la lecture que nous fîmes du roman de littérature de jeunesse La Mascotte du cours moyen dont la publication et l’action se font, pour les années 1960, dans le quartier des Courtillières de Pantin. C'est un endroit connu aujourd’hui pour son repli identitaire illustré notamment par sa mosquée où a sévi l’entrisme des salafistes.
Les auteurs décrivent les processus de ghettoïsation de certains établissements scolaires et la rupture civique qui s’en suit portée par une culture antiscolaire. Ils rapportent les stratégies gagnantes pour y mettre fin ou réduire l’image négatives de ces écoles et collèges. Les conclusions de ces actions ont été mises en avant par des chercheurs et ont été publiées au printemps 2023, elles se sont traduites par un silence assourdissant. On y perçoit notamment que la mixité scolaire ne dégrade pas le niveau scolaire des bons élèves, ce qui est une hantise chez certains parents.
Il est noté que l’enseignement privé favorise l’entre-soi et se sent dispensé de mettre en œuvre les objectifs de mixité sociale fixés au service public d’éducation dont il est une composante. On pourrait rajouter qu’il serait bon de voir à quel niveau de réussite scolaire il met des enfants de milieux sociaux peu favorisés (manquant des repères culturels que ces enseignants attendent plus ou moins consciemment du milieu familial) qu’il accueille et quel niveau de fuite vers le public suit un début de scolarisation des enfants de ce type.
Pour tous publics Aucune illustration