Avis de Kingsale : "un fabuleux trésor"
L'action se passe à l'époque contemporaine (1985-2003) mais l'ouvrage contient d'intéressants développements sur les empereurs romains du IIIe siècle : Gallien, Claude II, Quintille et Aurélien. La découverte de ce trésor, peut-être le plus fabuleux jamais trouvé en France, a en effet fait progresser la connaissance de ces empereurs.
Félix Biancamaria fait partie des premiers découvreurs du trésor, à l'occasion d'une pêche à l'oursin dans une région de Corse située face aux îles Sanguinaires. A vrai dire, une partie du trésor avait déjà été découverte au milieu du XIXe siècle, une autre dans les années cinquante, publiée en 1958 par Jean Lafaurie, mais elles étaient loin d'égaler la découverte de 1985. L'équipe de Félix Biancamaria, suivie d'une autre équipe, va remonter près de mille pièces d'or de la zone côtière, dont plusieurs spectaculaires médaillons, multiples de sept ou huit aurei. Ces pièces seront le plus souvent vendues aux terrasses des cafés, à des étrangers, ou à Paris à des numismates peu regardants. C'est la mise en vente aux enchères de certaines des plus belles pièces à Monaco qui va faire réagir l'État français, provoquer la saisie de l'ensemble et une enquête de police. Mais les pièces récupérées ne représentent pas dix pour cent du total trouvé.
L'affaire se corse (sans jeu de mots) quand on passe à la découverte d'objets en or. Il s'agit d'abord de bracelets et d'anneaux, que Félix et ses copains vont juger préférable de fondre, ne sachant pas comment les écouler. A pleurer ! Il s'agit ensuite d'un grand plat avec un médaillon en son centre à l'effigie de l'empereur Gallien qu'ils vont chercher à vendre sans succès car tout le monde est maintenant au courant et la pièce est trop importante. Ici, notre auteur, qui a tendance à arranger les choses, fait un gros mensonge en prétendant qu'il l'a vendu en Floride alors que quelques années après la sortie du livre, il a été arrêté par la police avec le plat (sans son médaillon) dans sa valise. Il s'agit surtout d'une statue d'éphèbe en or massif qui ferait d'après Félix 62 kgs. Dans le documentaire d'Arte sur le sujet, le poids est plus raisonnablement ramené à 20 kgs. Il n'empêche, même à ce poids, ce serait le plus important objet en or romain connu.
C'est une autre équipe qui a trouvé la statue. Embarrassés, ils ont un bon réflexe : celui de contacter le directeur du DRASSM pour lui proposer l'objet au poids ! Ils oublient juste qu'ils ont affaire à un fonctionnaire pour qui l'objet appartient à l'État, donc ce directeur, Patrice Pomey, refuse toute transaction. Il devrait pourtant se douter que les vendeurs n'auront le choix qu'entre une vente à l'étranger ou fondre la pièce. D'après divers témoins, ils ont choisi la deuxième solution, la plus facile. Quelle tragédie ! Il n'a même pas eu l'idée de faire appel à un financement privé pour l'éviter ! En outre, les gens du DRASSM n'en démordent pas : ce trésor vient d'une épave. Ils vont donc employer les grands moyens pour ratisser les fonds. Exaspérés par leur insuccès, ils dynamiteront les rochers du rivage, sans trouver une seule pièce. La thèse que développe Félix est plus convaincante : pour lui, il s'agit d'un trésor caché à terre dans une falaise qui s'est écroulée.
A juste titre aussi, Félix Biancamaria remet en cause la législation qui interdit les fouilles privées et poursuit ceux qui découvrent des trésors, les poussant ainsi à la clandestinité. Il cite l'exemple navrant du trésor de Boucq où les découvreurs de bonne foi qui ont déclaré à l'État leur trouvaille se sont vus condamnés à de lourdes amendes. Ce livre n'est donc pas seulement un document sur l'affaire du trésor de Lava, il donne aussi à réfléchir sur une situation qui a besoin d'être corrigée
Pour tous publics Quelques illustrations
Je vous informe qu'un roman sur le Trésor de Lava vient de paraitre, en accord avec Félix Biancamaria : Le Trésor des Biancamaria, Edition Elan Sud.
Cdlt