Avis de Adam Craponne : "L'abeille brusque-t-elle le jasmin? (proverbe persan)"
Driss Abbbassi rappelle dans son introduction que « la Tunisie a constamment revendiqué un statut de pont entre l’Orient et l’Occident » (page 13) et que ce pays a été tiraillé entre des tendances modernistes et des orientations de réancrage islamiste. Il s’appui sur l’étude des manuels d’histoire de l’enseignement primaire et secondaire pour noter l’évolution de l’identité tunisienne. Dans les années soixante, il s’agit de situer la Tunisie dans l’ensemble méditerranéen en pointant l’importance commerciale et le cosmopolitisme des grandes cités du Maghreb. Dans les années soixante-dix et jusqu’à la fin de l(ère de Bourguiba en 1987 on se centre sur une vision d’une Tunisie au passé singulier, éternelle victime d’invasions successives jusqu’à ce que le Combattant suprême la relève en obtenant son indépendance en 1956. Les grands moments de l’histoire européenne sont toutefois évoqués et en particulier la Renaissance (en particulier par son aspect des voyages de découverte) et la Révolution française.
Photographie absente de l'ouvrage
Le président Ben Ali confie de 1989 à 1994 le ministère de l’Éducation nationale à l’universitaire Mohamed Charfi (un temps président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme). Ce dernier porte une réforme, ouverte à la pensée contemporaine et au regard critique, où l'enseignement religieux est clairement distinct de l'instruction civique. La nation tunisienne est présentée comme la fille de Carthage . On réinsiste durant toute la période de Ben Ali sur les relations entretenues par le pays avec l’ensemble de l’univers méditerranéen et le fait que le désir de réforme du pouvoir beylical est porté par des acteurs, tel par exemple Kheireddine (ou Khayr-Al-Dine) actif de 1857 à 1877. La mention des racines berbères se fait seulement jusque dans le milieu des années 1990. Les vestiges archéologiques sont remis en valeur pour en priorité le développement du tourisme des étrangers mais les Tunisiens peuvent profiter de leur nouvel aménagement.
Avec la montée en puissance du parti islamique Ennahda, après la Révolution de jasmin, l’identité tunisienne s’appuie sur le sunnisme ; toutefois l’attentat au musée du Bardo de mars 2015 amène ce parti à tenter de construire une synthèse entre modernité et authenticité. L’auteur pense qu’à terme on peut envisager en Tunisie la séparation du politique et du religieux que d’ailleurs ajouterons-nous prônait il y a près d’un millénaire l’Andalou Averroès. Cet ouvrage, facile à lire, permet de mesurer le fait que l’identité nationale tunisienne pourrait continuer à se construire sur la base d’un compromis entre les racines arabo-musulmanes et certaines valeurs de la modernité occidentale.
Pour tous publics Aucune illustration
http://www.rfi.fr/afrique/20170501-tunisie-deces-mohamed-talbi-historien-penseur-islam-musulman-coran
https://www.marianne.net/monde/ramadan-en-tunisie-jamais-je-n-aurais-imagine-que-des-non-jeuneurs-pourraient-sortir-dans-la
TUNISIA le mercredi 11 octobre à 18h à la Maison de quartier Pierre Sémard de Saint-Denis
SICILIA le lundi 16 octobre à 11h30 à la résidence Dionysia de Saint-Denis
SICILIA et TUNISIA les 14 et 15 novembre à 19h et 20h30 à au Merlan, scène nationale de Marseille
http://www.inavouable.net/blog/productions-actuelles/tunisia/