Avis de Benjamin : "Partager des actions innovantes et pointer des problèmes"
Il s’agit de rendre compte de deux études de l’Association Santé Migrants Loire-Atlantique menées (ASAMLA) en 2006 autour des migrants âgés, d’une enquête menée en Pays de la Loire et Bretagne en 2012-2013 et de rendre compte de journées d’échanges sur le sujet. On peut lire que « L’objet de cette étude est double. Il s’agit d’apporter une meilleure connaissance des migrants âgés et des conditions sociales de leur vieillissement. Il s’agit également de mobiliser les différents acteurs susceptibles d’accompagner ce vieillissement, en éclairant les pierres d’achoppement de leur accompagnement et les ressources sur lesquelles ils peuvent s’appuyer » (page 13). Des recherches de l’ASAMLA, il ressort notamment que le corps de ces migrants ont des séquelles, du point de vue de la santé, d’une vie professionnelle particulièrement harassante. Par ailleurs leur connaissance en matière de droit à la retraite est insuffisant et souvent un parcours d’obstacle. De plus ils sollicitent très rarement des aides à domicile, faisant porter le poids de leurs invalidités sur leur famille. Deux pages de préconisations sont offertes pour tenter de résoudre ces trois domaines et d’autres.
On a un compte-rendu très nourri de la Rencontre du 18 octobre 2012 à Angers. Nous avons fait de choix de sélectionner certaines idées avancées de jour-là. Estelle d’Halluin maître de conférences pointe singulièrement le coût des EHPAD largement supérieur aux revenus (aide du département compris) pour l’ensemble des seniors, les réticences dans les familles de migrants âgés à proposer une entrée en maison de retraite, l’apport des immigrés dans les emplois d’aide-soignante au demeurant assez mal payés (nous ajouterons personnellement surtout pour celles très nombreuses qui n’ayant pas le diplôme officient comme ASH c’est-à-dire agent de soins hospitaliers).
On relèvera une présentation qui semble déboucher sur une valorisation de l’existence possible d’une laïcité libérale pluraliste face à une laïcité républicaine présentée comme figée. Rappelons que pour nombre de penseurs, il n’y a pas d’adjectifs à accoler derrière celui de la "laïcité", ce n’est évidemment pas le cas de Jean Baubérot. « Parmi les deux modèles ou idéaux types de la laïcité, à savoir la laïcité républicaine et la laïcité libérale-pluraliste, le modèle républicain attribue à la laïcité la mission de favoriser, en plus de l’égalité morale et de la liberté de conscience, l’émancipation de l’individu et l’essor d’une identité civique commune. Ceci exige une mise à distance des appartenances religieuses et leur refoulement dans la sphère privée. Le modèle libéral pluraliste est un mode de gouvernance dont la fonction est de trouver l’équilibre optimal entre le respect de l’égalité morale et celui de la liberté de conscience de ces personnes » (page 23).
Claudine Attias-Donfut disserte autour des proportions par tranche d’âge des immigrés et des enfants d’immigrés. C’est spécialement l’occasion de parler de destins scolaires et mobilité sociale ainsi que de choix de vie à la retraite. Si peut-être 5% des migrants retournent dans leur pays d’origine une fois leur vie active est terminée, un nombre non négligeable de Maghrébins sont inhumés au-delà de la Méditerranée (voir à ce propos sur Netflix, le film satirique La Bonne Terre où on essaie de s’adapter à ce désir). Catherine Delcroix propose une contribution intitulée "La complexité des rapports intergénérationnels dans les familles ouvrières originaires du Maghreb". Elle pointe spécifiquement l’intégration sociale différentielle des garçons et des filles.
Anaïk Pian et Antoine Math sont intervenues. La première donnera d’ailleurs ultérieurement une contribution intitulée "La fabrique de l’interprétariat auprès d’immigrés et d’étrangers atteints de cancer: la place des proches en question" dans l’ouvrage Les négociations du soin. Les professionnels, les malades et leurs proches et un article "De l’accès aux soins aux « trajectoires du mourir »". Les étrangers atteints de cancer face aux contraintes administratives" pour la Revue européenne des migrations internationales. Ici son texte s’intitule "Immigrés âgés : les enjeux de l’interprétariat en contexte de soins". Elle relève les opinions exprimées sur l’utilité de l’interprétariat pour les professionnels (certains médecins ont "l’intelligence" de regretter le temps supplémentaire nécessaire pour une consultation avec un interprète, ne voyant pas les multiples apports dont celui de l’amélioration du diagnostic) et les patients dans une étude financée par l’Institut national du cancer dans les années 2010 qui fut coordonnée par M. Calvez et S. Pennec. Antoine Math traite de l’accès aux droits sociaux des immigrés.
La rencontre du 8 avril 2013 s’est tenue à Essonnes. Une intervention de Rémi Gallou se nommait "Habiter, se loger, quelle prise en compte des immigrés vieillissants" et une autre rend compte d’une étude pilotée par le Centre de Ressources Politique de la Ville en Essonne portant sur le vieillissement des femmes immigrées dans les quartiers en politique de la ville en Île-de-France.
Une autre étude est présentée, elle concerne la situation des personnes âgées dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville en Bretagne. Dans la conclusion, il est en particulier relevé que pour toucher l’allocation de solidarité il faut résider au moins six mois en France, ce qui oblige certains immigrés à vieillir loin de leur famille.
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