Avis de Benjamin : "Autant en emporte la tempête"
Beck Weathers avait donné en 2000 Left for Dead: My Journey Home from Everest, Laissé pour mort à l’Everest en est la traduction. L’auteur est médecin chercheur et en 1996 il a été retrouvé le corps en partie gelé ; il a perdu, dans son désir de conquête de sommets, un nez et quasiment deux mains. Toutefois loin de reconnaître que son drame est dû en partie à la fausse sécurité que son groupe d’alpinistes s’est donnée par l’emploi de bouteilles d’oxygène, il se garde bien d’expliquer que les problèmes de vision qui l’empêchent d’avancer sont dus à cet usage.
De plus, il reproche au Russe qui les guidait d’avoir refusé pour lui-même cette apparente facilité. Ceci en reconnaissant tout de même que ce Russe Anattoli lui a sauvé la vie en allant le rechercher. Il est vrai que lui en coûterait d’admettre que les membres de son groupe n’étaient que de riches alpinistes amateurs expérimentés et fortunés prêts à payer des sommes astronomiques, que leurs relatives compétences fit qu’ils prirent beaucoup de retard sur l’horaire prévu et que des enjeux commerciaux firent qu’on leur cacha qu’une tempête de neige était prévue en fin d’après-midi ce jour-là.
Quelques réflexions désobligeantes sur les sherpas montrent bien l’esprit de touriste consommateur d’alpinisme qui était celui de Beck Weathers, en rien désireux de nouer des relations avec des indigènes professionnels de la montagne. Et surtout pas de partager les toilettes que ces touristes se sont faits construire ! Au regard de cette anecdote, où il pense faire preuve d'humour, il montre bien ce qu'il est, à savoir un bonhomme dans sa bulle se fichant que d'autres se gèlent. Quand on connaît la suite, où l'auteur s'étonne qu'aucun sherpa ne se porta volontaire pour aller le chercher on se dit "ce que tu fais, c'est à toi que tu le fais" ou plus vulgairement que les sherpas s'étaient déjà assez cassés le c... de son fait.
John Krakauer fut, pour Outside Magazine, un journaliste venu intégrer l'équipe dans le but de pousser à établir un nouveau record, celui du nombre de personnes arrivant ensemble au sommet et ainsi laisser croire qu’accompagnées de guides et de bouteilles d'oxygène nombre de personnes pouvaient s’offrir l’Everest. Il est fort utile de croiser le récit de Beck Weathers avec celui de Lou Kasischke, dans After the Wind, qui lui renonça à poursuivre alors qu’il était en état de redescendre sans aide, ce qui n’état pas le cas du narrateur de Laissé pour mort à l’Everest.
Toutefois l’ouvrage Laissé pour mort à l’Everest n’est pas seulement le récit de cette expédition. Ce livre contient de magnifiques pages ou l’auteur et en particulier son épouse Peach racontent comment Beck Weathers réussit à démarrer après ce drame personnel une nouvelle vie où les relations affectives avec ses proches gagnèrent une intensité incommensurable. On apprécie la dizaine de clichés photographiques présents dans l’ouvrage.
En septembre 2015, sort le film Everest qui met en scène la tragédie de 1996, le scénario semble s’appuyer sur le best-seller Into thin air de John Krakauer et ne pas corriger les affirmations contenues dans ce dernier titre par les dires de Lou Kasischke.
Pour connaisseurs Quelques illustrations
http://www.franceinter.fr/emission-affaires-sensibles-everest-1996-perdus-sur-le-toit-du-monde