Avis de Octave : "Il faut que tout change, pour que rien ne change"
Le titre, et même le contenu, de cet ouvrage est un clin d’œil à l’ouvrage d' Alexandre Radichtchev qui décrivit en 1790 une Russie en proie à l’arbitraire de l’État (manifesté en particulier par la censure), à l’assujettissement de ses populations et à la complicité de l’Église avec le pouvoir politique.
Voici un auteur issu d'une vieille famille originaire de Russie, ses parents quittèrent la Crimée du fait de la Révolution bolchévique et ce voyage est d’ailleurs l’occasion de rencontrer un cousin. Il est l’ancien directeur du Collège universitaire français de Moscou et de l'Institut français d Ukraine à Kiev. L'historien Antoine Arjakovsky a écrit un certain nombre d’ouvrages ou article sur l’univers religieux orthodoxe et grecque-catholique ukrainienne.
Il livre là un regard éclairé et critique sur la Russie et les désirs de Poutine d’étendre la zone d’influence russe, voire d’agrandir territorialement son pays. L’auteur rappelle à ce propos que les liens entre la Crimée et la Russie sont bien plus ténus historiquement que l’on pourrait le penser. Par ailleurs il avance que Gorbatchev a déclaré que jamais on ne lui avait promis une non-extension de l’OTAN à des pays issus de l’URSS.
Durant son parcours, l’auteur a fait connaissance avec des personnes qui se rebellent contre la corruption et l’autoritarisme de leur régime. On se rappelle à cette lecture de la formule « il faut que tout change, pour que rien ne change » (une réplique du film Le Guépard) et on se dit que sur le fond on est revenu aux pires années de l’ère Brejnev. De plus l’histoire est de nouveau instrumentalisée, certes dans une optique assez différente, la Rus’ de Kiev (fondée par des Varègues) n’étant en rien l’ancêtre de la Russie d’ Ivan le Terrible et ce dernier comme Pierre le Grand (et d’autres ) furent des tyrans sanguinaires. Le chemin de la Russie vers des pratiques plus démocratiques ne semble pas se dessiner.
Pour connaisseurs Quelques illustrations
