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La nutrition pour une vie meilleure

La nutrition pour une vie meilleure
Favre257 pages
1 critique de lecteur

Avis de Benjamin : "Tout est bon dans la nutrition ? Tu creuses ta tombe avec tes dents, répond un proverbe turc"

Cet ouvrage a connu une édition originale en allemand l’année 2016 et depuis il a été traduit quand quelques autres langues. Notre titre est une allusion à l’expression « Tout est bon dans le cochon ».

Le contenu de ce livre, rédigé par l’ancien directeur général de Nestlé (pour la période de 1997 à 2008 et président de son conseil d’administration de 2005 à 2017), n’est pas à prendre comme parole d’évangile, et au sujet de Nestlé et Danone, on se reportera notamment aux pages wikipédia pour connaître en particulier tant les fraudes sur le contenu de certains produits (comme annoncer la présence de fruits dans le produit Danonino) que sur le lobbying pour promouvoir le lait en poudre auprès du personnel hospitalier aux dépens de la santé des femmes et des nouveau-nés dans ces pays où justement les ressources en eau sont faibles (Danone et Nestlé), quant à la captation des eaux par Volvic en période de sécheresse elle n’est pas sans conséquence, l’usage de l’huile de palme par Nestlé a une action sur la déforestation par ailleurs. On nous apprend par contre dans cet ouvrage que Danone a pour devise en français « Apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre » et en anglais « One planet, one health ». (page 88).

On est ravi que page 19, Peter Brabeck-Letmathe s’alarme que la population mondiale souffre d’un déficit d’eau. Rappelons qu’à travers ses marques Perrier, Vittel ou San Pellegrino, Nestlé est la première entreprise de distribution d’eau en bouteille au monde. Aujourd’hui ce groupe puise sans vergogne dans les ressources en eau pour commercialiser de l’eau en bouteille  (voir l’article https://www.lemonde.fr/culture/article/2012/09/11/nestle-et-le-business-de-l-eau-en-bouteille_1757464_3246.html).

Le lecteur n’est pas surpris de lire, sous la plume de l’auteur vu que le nescafé est produit par Nestlé, que le café « a des effets positifs non seulement sur le cerveau, mais aussi sur le corps » ; des études (lesquelles ?) auraient montré que la caféine « renforçait l’endurance et permettait aussi de réduire le risque d’insuffisance cardiaque, de crise cardiaque ou d’accident vasculaire cérébral. Il en va de même pour le cancer » (page 198).  On sait pourtant qu’il a de nombreuses conséquences négatives (voir https://loriginel.fr/blog/httpsloriginelfrblogcafe-sante-n12 , https://www.doctissimo.fr/html/dossiers/maladies_cardiovasculaires/articles/9430-cafe-infarctus-coeur.htm , https://www.lanutrition.fr/les-news/le-cafe-declencheur-de-crise-cardiaque et https://www.marseillenews.net/technologie/smartphone/boire-du-cafe-a-un-impact-sur-la-structure-de-votre-cerveau-selon-une-etude-176081.html) . Bref beaucoup d’affirmations contenues dans cet ouvrage seraient facilement nuancées par certains journalistes ou universitaires et ceux qui, ayant une idée des responsabilités de son auteur, s’attendrait à un discours de repenti de Nestlé seraient bien déçus.

Une fois ces quelques mises en garde faites, le contenu de cet ouvrage est remarquable car il trace l’histoire de la production alimentaire industrielle et tente d’avancer sur le futur de celle-ci. Cet avenir est annoncé d’ailleurs page 23, il se décline en six axes : le défi (vie plus longue à passer en bonne santé), nutrition personnalisée, responsabilité de la science, responsabilité de l’industrie alimentaire, responsabilité des décideurs politiques, responsabilité de chaque individu. Chacun de ces points se voit consacrer un chapitre.

L’auteur avance qu’en 2030, un tiers des pays occidentaux aura plus de 65 ans ; le marché officiel de la santé (médecin, hôpital …) et celui alternatif (médecine douce, le sport, le domaine nutritionnel…) va exploser. Les maladies chroniques vont toucher plus de personnes, pour certaines d’entre elles le mode d’alimentation les a favorisées. L’auteur compte sur les instances publiques, la communauté éducative et l’industrie alimentaire pour guider le consommateur Le chapitre se permet d’ailleurs de faire la promotion de la marque Lean Cuisine du groupe Nestlé qui est commercialisée aux USA (page 39).  Plus qu’une histoire de gênes avancée par l’auteur, je crois plus à des habitudes alimentaires millénaires dans une moindre tolérance des Japonais vis-à-vis de l’alcool  et une meilleure digestion du poisson que les Européens  pour qui la culture de la vigne  (voir l’article "Le vin est apparu il y a plus de 8.000 ans dans le Caucase !" https://www.larvf.com/vin-apparu-8000-ans-caucase-georgie-origine-viticulture,4563550.asp ). On apprécie qu’à la fin de ce chapitre soient définis un certain lexique, cette heureuse initiative ne se poursuit pas pour les autres chapitres car sont là des mots qui apparaissent parfois ultérieurement. On a donc des explications autour du suffixe "omique", "génétique", "génétique moléculaire", "épigénétique", "relation nutritionnelle moléculaire", "nutrigénétique", "nutrigénomique".

 

Le second chapitre montre bien les évolutions  de l’alimentation depuis le XIXe siècle : généralisation du sucre de betterave, apparition des conserves (d’ailleurs largement apprivoisées durant la Première Guerre mondiale), développement des sociétés Liebig, Maggi et Lindt, production massive de glace, succès du coca-cola, apparition du nescafé (en Suisse l’année 1938), commercialisation des cérales Kellog’s… Suivent quelques pages visant à nous convaincre que diverses industries alimentaires donnent dans la consommation responsable.

On termine par quatre pages à l’avantage du Nestlé Health Science dont le pôle principal est à Lausanne. Le troisième chapitre explore comment la population mondiale pourrait vivre plus longtemps en bonne santé ; bien entendu les actions de Nestlé dans ce domaine sont mises en exergue ; c’est évidemment par pur désintéressement voire même évergétisme que « Nestlé enrichit notamment en micronutriments les produits à positionnement populaire destiné aux consommateurs à faible revenu » (page 110). L’effort de cette société pour réduire la part de sel et de sucre dans ses aliments est largement souligné dans les pages 110 ; on pourrait rajouter que les associations de consommateurs ont défendu cette idée depuis longtemps.

 

Bien d’autres choses sont à découvrir dont les sept types d’alimentation (pages 185-187), à savoir les idéalistes de la santé, les conscients du problème, les créateurs de foyer chaleureux, les pressés, les multi-optionnels modernes, les excessifs et les indifférents. On se réjouit de cette phrase pleine de franchise, renvoyant en particulier à la production de compléments alimentaires (produit assez controversé d’ailleurs) : « Le repositionnement de Nestlé dans le secteur de la santé ne relevait pas en premier lieu d’une décision éthique, mais d’une décision commerciale » (page 155).        

Pour tous publics Aucune illustration

Benjamin

Note globale :

Par - 513 avis déposés - lecteur régulier

513 critiques
28/02/21
Nestlé : La demande de produits de santé et pour animaux dope les ventes en 2020
https://www.latribune.fr/depeches/reuters/KBN2AI16Z/nestle-la-demande-de-produits-de-sante-et-pour-animaux-dope-les-ventes-en-2020.html
406 critiques
05/03/21
Boire Que du Coca Pendant 1 An : Ça Fait Quoi ?
https://www.youtube.com/watch?v=p4nF0UhWMrM
406 critiques
16/03/21
Pourquoi la sécheresse qui frappe Taïwan pourrait aggraver la crise des semi-conducteurs
https://www.01net.com/actualites/pourquoi-la-secheresse-qui-frappe-taiwan-pourrait-aggraver-la-crise-des-semi-conducteurs-2037299.html
675 critiques
18/03/21
Journée Mondiale de l'eau 22 mars. Exposition Les pieds dans l'eau au Musée d'histoire de Lyon au printemps 2021
406 critiques
01/06/21
Nestlé : un document interne révèle que la majorité de ses produits ne sont pas bons pour la santé
https://www.lefigaro.fr/flash-eco/nestle-secoue-par-un-document-interne-sur-les-aliments-bons-pour-la-sante-20210531
751 critiques
25/09/21
L’impact sur l’environnement de l’eau en bouteille serait jusqu’à 3.500 fois plus important que l’eau du robinet https://www.20minutes.fr/planete/3100043-20210809-impact-environnement-eau-bouteille-jusqu-3500-fois-plus-important-eau-robinet
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