Avis de Patricia : "C’est un corinavirus ! est devenu synonyme de C’est une peste ! pour désigner quelqu’un que l’on n‘apprécie pas"
Patrick Berche et Stanis Perez proposent ici de faire le tour des pandémies qui ont secoué le monde au cours des siècles. Le plan est chronologique puisque les parties (contenant divers chapitres) s’intitulent respectivement : Antiquité et Moyen Âge : face aux pestes anciennes, La Renaissance et les débuts de la Grande Contamination, L’Ère industrielle : nouveaux progrès, nouvelles menaces, Pandémies et maladies à l’assaut du Monde contemporain (de 1945 à nos jours).
Parmi les questions soulevées, on notera particulièrement les points qui suivent. Il y a un rappel du discours religieux face aux épidémies. Est intéressante l’initiative de Clément VI qui autorise des autopsies des victimes de la peste (page 103). Ce même évêque de Rome fit remarquer que les juifs souffraient autant de la peste que les chrétiens et qu’en conséquence il était bien injuste de les accuser de répandre ce mal (page 113). Les guerres quasi incessantes dans le royaume de France à la fin de l’époque médiévale, provoquent des maladies. Celles-ci se répandent, ainsi en est-il de la dysenterie qui, née lors du siège de Bourges en 1412 (du fait de nombreux cadavres laissés à l’abandon), se propage en particulier dans l’île de Noirmoutier l’année suivante (pages 133-134).
La vaccination contre la variole est pratiquée en Chine dès le XVIe siècle et elle s’est propagée dans l’Empire ottoman (page 161). En 1722, elle permet de juguler cette maladie dans la région de Boston (page 164). Les essais pour juguler la syphilis furent marqués par un certain nombre d’échecs au XIXe et XXe siècle, les vaccins mis au point provoquèrent bien des pathologies (page 258), seuls les antibiotiques s’avérèrent efficaces. On peut craindre que la résistance aux antibiotiques apparue récemment ne trouve là des répercussions.
On découvre un chapitre autour de l’isolation des bactéries et virus porteurs de maladies. Alexandre Yersin ne découvrit qu’en 1895 à Hong-Kong la bactérie responsable de la peste bubonique. Cette partie est l’occasion d’évoquer la peste qui frappe la Provence dans les années 1720 ; ajoutons que l’ouvrage Catherine II, le courage triomphant permet de connaître les mesures pertinentes prises en 1771 pour juguler ce mal introduit comme à Marseille par des tissus importés d’Asie mineure. On a un développement fort original autour des conséquences du changement climatique des années 530. La peste existe à l’état endémique chez plusieurs rongeurs vivant autour du lac Baïkal (page 305).
En effet ce petit âge glaciaire aurait amené une migration de certains rongeurs sauvages ; ces derniers auraient transmis aux rats noirs la peste et elle serait ensuite passée aux humains. La toxine du choléra n’est découverte qu’en 1959 par deux chercheurs indiens. On pourra ne pas approuver le fait avancé par les auteurs que l’autisme est d’origine génétique (ce qui justifie ce passage), avant cette affirmation on revient sur les discours tenus par Asperger sur le fait que certains autistes avaient place dans la communauté sociale du fait de certaines de leurs capacités. Contrairement à ce qu’avance une auteure américaine dans un ouvrage iconoclaste sur Asperger, on peut penser que ce dernier tint un discours adapté à l’idéologie nazie afin d’éviter des pratiques eugénistes à au moins certains autiste. L’emploi de cobayes humains par les nazis et les Américains est soulevé ; ce fut le cas à l’instigation de ces derniers aux Philippines, au Guatemala ou dans certaines prisons du sud des États-Unis (voire les pages 470). Mentionnons de plus les expériences menées, sur des Chinois, par les Japonais dans l’état-fantôme du Mandchouko.
Le délire antisémite sous L’Occupation fait écrire au journaliste collaborateur Jean Boissel (dans Le Réveil du peuple) que les juifs ont généralement du sang B ; les individus le possédant, selon Jean-Marie Baron faisant a priori parti de la canaille (page 374). Les auteurs s’interrogent sur les raisons qui font instituer par le régime de Vichy un teste de syphilis pour les futurs jeunes mariés (page 375). Patrick Berche et Stanis Perez reviennent sur le passage du sida de certains singes ou chimpanzés africains vers l’homme (page 462).
Pour connaisseurs Aucune illustration
https://www.lefigaro.fr/sciences/lettre-ouverte-de-31-scientifiques-internationaux-pour-une-enquete-complete-sur-l-origine-du-sars-cov-2-20210628