Journal incorrect d’un médecin légiste

En ce début de XXIe siècle, se sont multipliés les ouvrages écrits par des médecins légistes. Quatre ouvrages, publiés entre 2009 et 2020, sur cet univers sont dus à Michel Sapanet, expert pour l'émission Non élucidé. Le contenu de ces derniers ouvrages tient de l’accumulation de faits divers assez insolites. Le livre, La mort n’est que le début, du professeur Silke Grabber, directrice du Centre universitaire romand de médecine légale, a des objectifs  plus scientifiques que judiciaires.

Avec Journal incorrect d’un médecin légiste, Michel Debout commence dans son introduction par rappeler que les conditions sociales du covid furent passées sous silence d’autant plus facilement que le président Macron avait déclaré que la France était en guerre. Ne comptait donc que les morts, et encore au départ les personnes âgées n’étaient-elles pas comptabilisées quand elles mouraient dans les EHPAD. Dans ces établissements, on ne réfléchit nullement sur les mesures à prendre alors que la canicule, bien moins meurtrière chaque année, bénéficie d’un plan spécifique. Au niveau de l’hécatombe dans les EHPAD, le triste record fut décerné à celui de Valdoie, ce qui valut, de la part du conseil départemental du Territoire de Belfort, un dessaisissement autoritaire (mais salutaire) à l’association gérante ce dernier (information toute personnelle, non mentionnée dans l’ouvrage).

L’auteur, qui a travaillé à Saint-Étienne, évoque diverses situations cruciales qu’il a rencontré au cours d’une carrière qu’il vient de terminer. Il commence à rappeler que jusqu’au début des années 1970, il avait connaissances de nombreux avortements, alors illégaux ils étaient dénommés "fausses couches provoquées".  Le second texte rappelle les positions réactionnaires et l’inutilité en certaines situations  du Conseil de l’Ordre des médecins ; il appelle donc à sa dissolution depuis son entrée dans la carrière, une position qui se justifie sûrement mais restera un vœu pieux à une époque où les ordres des métiers de santé se sont multipliés.  

Parmi les autres sujets évoqués, on trouve un chapitre consacré uniquement aux conditions  générales d’exercice de sa fonction de médecin légiste. Il consacre trois chapitres à parler de l’évolution du métier qu’il exerce et à ses rapports avec les policiers. L’auteur revient sur la maltraitance des personnes âgées qui se produit tant à leur domicile que dans les EHPAD, celle-ci pouvant déboucher sur la mort souhaitée ou due à des négligences coupables. Délinquance venant de la nécessité de se procurer de l’argent pour se droguer et suicides de travailleurs en souffrance (pour des raisons fort différentes) sont également des sujets évoqués. Le racisme peut être un puissant stimulateur à la violence physique et l’enlèvement d’enfants ou d’adolescents par des personnes mal intentionnées n’est pas une chose inconnue pour notre docteur (il en fait état plusieurs fois dans des circonstances bien différentes).

Ce dernier revient sur un suicide, mais il s’agit cette fois d’un homme qui ne peut supporter la séparation prochaine voulue par son épouse. Plus tard, cela nous vaut en particulier l’évocation de la situation médiatisée à France-Télécom. Vu le nombre de cas de religieux accusés de pédophilie qui s’est révélé ces dix dernières années dans l’hexagone, Michel Debout fut appelé, dans le cadre de ses compétences d’expert psychiatrique en matière de délit ou de crimes, à rencontrer Bernard Preynat, vicaire dans la paroisse de Sainte-Foy-les-Lyon, qui passa en jugement au début de 2020. Cet ouvrage est le témoin de plusieurs problèmes qu’a connus la société française du mandat de Georges Pompidou à celui d’Emmanuel Macron.