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Mythologie du médicament

Mythologie du médicament
L’Harmattan203 pages
1 critique de lecteur

Avis de Patricia : "Il en est des conseils comme des médicaments ; les plus amers sont les meilleurs (Rabindranàth Tagore)"

La journée mondiale des pharmaciens existe depuis 2009, et se déroule le 25 septembre ; elle précède la journée mondiale de sécurité des patients qui a lieu le 17 septembre. Rappelons d’abord personnellement que la qualité d’un médicament peut être définie selon des critères réglementaires, économiques, sociétaux, et des modes d’utilisation.

 

La première page du contenu du titre d’Éric Baseilhac avance, au sujet du médicament, que « notre société a donc élaboré un mythe : celui d’un progrès thérapeutique sans limites, avec des totems et des tabous. Parmi les totems : l’idée d’un médicament plus fort que nos maladies et nos vanités incurables. Parmi les tabous : sa valeur monétaire, les scandales attachés à ses basques, le tiers de l’humanité écarté de son chemin, ses promesses non tenues, ses morts. (…) Et voilà que nous arrivons à la fin d’un mythe. Tandis que s’universalise la demande, des limites émergent de toutes parts : budgétaires, capacitaires, démographiques, géopolitiques, éthiques » (page 9).

 

L’ouvrage n’ayant malheureusement pas de table de matière (ce qui n’est pas la cas dans la grande majorité des ouvrages de cet éditeur), nous donnerons le nom des chapitres de ce livre. Le premier s’intitule "Médicaments", il est suivi respectivement par "Une équipe formidable",  "Tout reconstruire" ,"Le mythe de l’indépendance" , "Le médicament, bien universel" , "Le médicament, bien commun ?" , "Chers médicaments" , "Morts sur ordonnance" , "Transparence" ,  "Ruptures" ,  "Géopolitique du médicament" , "De bons médicaments".

 

Le médicament est attendu par le patient comme l’épilogue de la consultation alors qu’il en est la prolongation. Il a un côté magique bien souvent. Ce côté de talisman du médicament est préparé par « l’empathie distanciée du médecin, l’hermétisme de sa langue, l’écriture indéchiffrable de ses ordonnances, tout participe à créer le clair-obscur nécessaire à la magie du thérapeute » (page 16).

 

Certains médicaments ont parfois des effets négatifs, l’auteur ne le cite pas, mais pensons au pire avec la dépakine, un antiépileptique, Éric Baseilhac évoque notamment par exemple les chimiothérapies qui tuent certes les cellules cancéreuses mais entraînent perte des cheveux et douleurs insupportables. Les cas de méningite n’est pas cité ici pour le vaccin diphtérie-tétanos-polio ou la variole mais pour le vaccin de la rougeole  Il rappelle que les mêmes personnes pouvaient confectionner à la fois des médicaments et des poisons.

 

Progrès biologiques, apport numérique et émergence de patients-experts bouleversent également le paysage sanitaire. Certains médias (dont la revue Prescrire) se font le relais d’activistes en matière médicale, on apprend ainsi l’existence de l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds) appelé par l’auteur à tort l’Observatoire de la transparence dans les politiques de santé (OTPS). Tout ceci semble déplaire à Éric Baseilhac qui dénonce de plus un néo-ludisme de praticiens craignant, face à l’apparition de nouveaux traitements (d’ailleurs extrêmement onéreux), de perdre leur rôle clé dans le contrôle des soins.  

 

Notre auteur poursuit en évoquant certains changements historiques dans la promotion de médicaments. Il poursuit en évoquant les choix en matière d’adaptation du prix d’un médicament à un pays donné et au fait que l’arrivée de nouveaux médicaments concernent rarement des pathologies (comme les maladies tropicales) en cours essentiellement dans des pays où il y a peu de malades solvables.

 

Comme on s’y attendrait, Éric Baseilhac évoque la question des brevets donc les questions des coûts de la recherche et du développement d’un nouveau produit. Le prix des innovations en matière de médicaments a tendance à s’envoler et l’auteur se demande si un coût éthique peut arriver à être défini. Le mauvais usage des médicaments se lit dans leur surconsommation, leur mésusage, les antibiorésistances et la coût environnemental (effets de serre, résidus dans l’eau…). Notons en la matière, un des exemples connus par nous-mêmes de l’impéritie de médecins ; ma mère se trouvait avec journellement en moyenne cinq médicaments prescrits chacun par successivement son médecin généraliste et deux  spécialistes. Un autre cas à signaler est l’exemple du docteur qui donne un médicament (voire deux) par symptôme.

 

Le récit se poursuit autour de la vérification de l’efficacité d’un médicament par la Commission de la transparence de la HAS et pour la décision de son prix on se tourne vers le Comité économique des produits de santé. La question des raisons de pénurie de certains médicaments a des causes structurelles auxquelles on doit s’attaquer et des pistes possibles sont ici ouvertes.

 

L’abandon des productions de médicaments au profit de fabrications venues de Chine est un phénomène connu. Notons d’autre part qu’au moment de la sortie de cet ouvrage, le laboratoire pharmaceutique français Pierre Fabre, a informé de ses négociations en vue de la vente de son centre de recherche en Haute-Savoie au groupe indien Jubilant Pharmova. Cette décision questionne évidemment sur l'avenir de la recherche pharmaceutique dans l’hexagone.

 

Éric Baseilhac avance ici un certain nombre de conseils, certains et d’autres idées pourraient devenir amères pour l’industrie  pharmaceutique si elle voulait réellement casser la mauvaise réputation qui l’entoure et ne pas se décharger de la responsabilité le certains problèmes.   

   

Pour connaisseurs Aucune illustration

Patricia

Note globale :

Par - 178 avis déposés - lectrice régulière

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