Allons médecins de la patrie…

Il s’agit de mettre en exergue les avancées scientifiques que l’on doit aux médecins militaires ; c’est pourquoi l’ouvrage a pour sous-titre  Ce que la médecine civile doit à la médecine militaire.

C’est à Louis XIV que l’on doit en 1708 la création du Service de santé des armées et des premiers hôpitaux militaires dont les Invalides (son ouverture remonte à 1670).  En 1721 est crée l’École de santé de Rochefort destiné à former le personnel médical œuvrant auprès des marins.  D’autres, pour le même public, suivront au XVIIIe et XIXe siècle.  Notons que Napoléon Ier a anobli quatre chirurgiens militaires, à savoir Desgenettes, Percy, Larrey et Heurteloup.

Napoléon III ouvre à Strasbourg un établissement visant à assurer la formation des médecins de l’armée de terre ; la défaite de 1870 amène son transfert à Lyon en 1889. Aujourd’hui on compte huit hôpitaux militaires, le plus connu étant Bégin à Saint-Mandé.

Ambroise Paré, considéré comme  le père de la chirurgie moderne, accompagna dès 1537 les armées de François Ier. Il est le précurseur également de la larvothérapie, une technique reprise par des générations de médecins militaires après lui avec une dernière mention lors de la bataille de Diên Biên Phu.  

Élisabeth Segard donne de nombreux exemples de médecin des armées à qui on doit des progrès techniques (comme la boîte à Baudens pour les fractures) ou des progrès scientifiques (ainsi Charles-Emmanuel Sédillot est l’inventeur du mot "microbe").

Le second chapitre pointe les réponse apportées, durant la Première Guerre mondiale, à divers problèmes : gueules cassées, transfusion sanguine, tonnerre des obus (se développent alors en Allemagne les ancêtres des boules quies, déjà un peu utilisées avant 1914 dans certaines usines)…

L’ouvrage ne peut évidemment vanter le traitement imposé, durant la Première Guerre mondiale, aux "obusés", nom désignant les soldats souffrant de troubles psychiques du fait de l’intensité des combats et en particulier des tirs d’artillerie mais elle ne craint pas d’aborder le sujet pour une période allant de 1914 à nos jours.

Les questions d’hygiène et d’alimentation sont l’occasion de rappeler que l’instigateur de la consommation de pommes de terre, à savoir Antoine Parmentier, était un pharmacien militaire et qu’en France la première loi sur la fraude alimentaire date de 1851. Ainsi les pharmaciens de l’armée, comme plus loin les vétérinaires militaires ne sont pas oubliés.  

Contre les maladies infectieuses sévissant tant en métropole qu’aux colonies, des traitements adaptés à diverses infections atteignent un vaste public du fait des conflits (les poilus sont protégés de la fièvre typhoïde et du tétanos) ou des dangers encourus outre-mer (Alphonse Laveran, depuis Constantine en Algérie,  explique les causes du paludisme et les usages de la quinine sont annoncés répondre à ces maux par le médecin militaire Maillot en garnison à Bône, autre ville d’Algérie). Alexandre Yersin, médecin de la Marine, a isolé le bacille de la peste alors qu’il a été appelé à Hong-Kong.

Divers sujets sont évoqués telles les découvertes des avantages de l’aspirine et de la pénicilline. Un chapitre entier est consacré à la médecine d’urgence et un  autre autour de diverses  recherches médicales. L’ouvrage se clôt par une présentation sur trois pages de l’organisation actuelle du Service de santé de l’armée française.  Ce dernier compte à ce jour 14 700 personnes sous les drapeaux et 4 000 réservistes.  On apprécie les très nombreuse illustrations sur papier glacé; elles sont situées en milieu d'ouvrage.