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Apprivoiser le dernier souffle: Regards d’un médecin en soins palliatifs

Apprivoiser le dernier souffle: Regards d’un médecin en soins palliatifs
Le souffle d’or157 pages
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Avis de Benjamin : "Mourir psychologiquement guéri ?"

Les structures de soins palliatifs, bien qu’insuffisantes, se sont développées durant cette dernière dizaine d’années. Le débat autour d’une forme d’euthanasie sera en France un des points d’achoppement en début du quinquennat d’Emanuel Macron.

Sorti en 2015, cet ouvrage est réédité en juillet 2022 ; il est écrit par une femme médecin binationale (franco-suisse) qui va vers ses trente ans en soins palliatifs et elle a exercé notamment à Rambouillet.  Elle s’appuie sur son expérience personnelle depuis l’enfance pour approcher les raisons qui l’ont conduite vers la carrière professionnelle qui est la sienne. Relevons qu’elle a vu à huit ans son grand-père mort dans une chambre et a été présente durant toute la cérémonie religieuse de l’enterrement (page 101) et que sa sœur meurt peu de temps avant son mariage (page 111). L’auteure croit à une dimension mystique, elle pense ainsi que la mère biologique de son fils adoptif a été spirituellement présente à ses côtés un certain temps et elle a mis ce dernier dans une école Steiner. De plus elle a un rapport à ses règles empreint de la culture amérindienne (page 132). Quoiqu’ayant reçu une éducation religieuse protestante, elle s’intéresse aux anges (pages 124-129).

 Après avoir  évoqué ses premières rencontres avec des mourantes, elle rencontre un Pasteur helvétique qui lui conseille de se rendre au Canada si elle veut voir un pays qui a été un phare en matière de soins palliatifs. Une fois devenue docteure, elle est mise en présence d’une malade qui décède lorsque son mari, abandonnant toute idée de suicide après la mort de celle-ci,  l’autorise ainsi à quitter ce monde (page 63). Un autre patient meurt après que sa compagne ait abordé avec ce dernier un point qui le chagrinait (page 67). Il y a également ce patient qui serait mort dans la plus grande sérénité car elle lui aurait cité de nouveau une phrase de Richard Bach tiré du Messie récalcitrant, à savoir « Ce que la chenille appelle la fin du Monde, le Maître l’appelle un papillon » (page 90).

Nombre de fois l’auteure se pose la question d’un retournement de situation au-delà des apparences comme là : « N’y-a-t-il pas ainsi, un plus grand don à recevoir de l’autre, dans la dépendance, qu’à donner à l’autre, quand nous le pouvons ? » (page 69). Elle montre également qu’un patient gagnant en sérénité, passe plusieurs mois de vie en soins palliatifs (page 79).    

Le Dr Yver-Elleaume fait plusieurs fois face à des demandes d’euthanasie, elle avance l’idée qu’une fin de vie programmée décidée par le malade peut être source de conflit au sein de sa famille et peut relever d’une violence vis-à-vis de ses proches (page 86). Le discours sur le besoin de la famille de pendre du temps pour se séparer du mourant. Significatif est un échange avec un patient où elle lui déclare : « Mais que savez-vous du besoin que vos proches ont encore de vous ? Sont-ils prêts, eux, à vous "lâcher" ? N’ont-ils pas besoin d’un peu de temps encore ?... (même s’ils ne le savent pas forcément eux-mêmes) » (page 137).  

L’auteure croit en ce qu’elle fait et avance souvent que les périodes de fin de vie sont source d’"enrichissement" (page 89) pour à la fois le malade et ses proches. Elle parle plus loin « d’opportunité de transformation intérieure que peut offrir la maladie en fin de vie (page 90).

Au sujet d’un patient avec qui elle a réfléchi sur sa demande d’euthanasie, dans un but sous-jacent de l’en dissuader, elle écrit : « Monsieur M. est allé au-delà de l’angoisse vécue lorsqu’il anticipait telle ou telle épreuve à venir du fait de sa maladie (la nécessité d’un fauteuil roulant par exemple…). Il a anticipé et a vécu, accompagné, une étape après l’autre de sa maladie, chacune avec son cortège de difficultés mais aussi de richesses et d’opportunités de croissance intérieure (pages 89-90).

Alors que l’auteur porte un discours idéologique (au sens porteur de croyances) sous-jacent très fort et assez omniscient (et pas seulement sur les soins palliatifs et l’euthanasie), elle affirme tenir de la neutralité en matière de choix narratif. Un bon exemple de ce type de refrain est à chercher page 129 : « « Je ne cherche pas à convaincre. Je ne me sens porteuse d’aucun message. Je tente juste de partager un peu ce que je dis ».  L’intention de l’auteur est en fait quasiment thérapeutique comme on le découvre dans la conclusion, de cette page et demi de bonnes intentions, on peut relever notamment que ce livre « vous soutienne dans ce processus de développement de votre confiance – au-delà des peurs, au-delà de vos souffrances émotionnelles, affectives… » (page 150).

Pour connaisseurs Aucune illustration

Benjamin

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