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Histoire de la folie avant la psychiatrie

Histoire de la folie avant la psychiatrie
Odile Jacob248 pages
1 critique de lecteur

Avis de Patricia : "Un lourd passé et un avenir incertain"

Les directeurs du titre Histoire de la folie avant la psychiatrie avait déjà donné La folle: histoire des idées folles en psychiatrie. Ce nouvel ouvrage, autour de l’histoire des représentations de la folie, est sorti dans une édition luxueuse en 2018. Le mot "folie" n’a pas le même contenu selon les époques et les civilisations.  D’ailleurs on verra en diverses occasions, sous la plume de plusieurs auteurs, que défaillances culturelles et souffrances psychiques sont liées.

De l’introduction, on retiendra :

« Le mot "folie" ne désigne donc pas un véritable objet qui serait le même, quelle que soit la culture. Il désigne un fait comportemental ou verbal qui nous effraie  par son étrangeté, son statut hors normes » (page 9).

« L’objet de la psychiatrie est infiniment hétérogène. C’est pour quoi les théories totalement explicatives sont des théories totalitaires. Quand on explique la folie pat le péché, la faiblesse d’esprit, le déficit en neuromédiateur, la mère mortifière ou le capitalisme, on trouve toujours une cause, n’importe laquelle, qu’un fait réel justifier partiellement » (page 12)

On a une dizaine de contributions : la première est intitulée "La psychiatrie est-elle une branche folle de la médecine ?", Boris Cyrulnik avance que Nabuchodonosor se prit pour un animal (qui pourrait être un bovin) ; en ce IVe siècle avant Jésus-Christ on décida qu’un dieu avait échangé son âme avec celle d’un bœuf. À d’autres époques, on aurait parlé de mauvais fonctionnement des rouages cérébraux, de punition par le Dieu chrétien d’un pêché, d’une atteinte par la syphilis ou de syndrome psychotraumatique.  

Notre auteur précise que  la volonté d’expliquer la folie par la médecine remonte à Hippocrate. Le mot " psychiatrie" est inventé en 1808 par le médecin Johann Christian Reil, né en 1759 dans une Frise possession des rois de Prusse.  Dès 1903, Anglade établit l’étiologie générale des affections mentales (page 23).

Danielle Jacquard dresse le portrait du fou au Moyen Âge et au Temps modernes, ce qui est l’occasion d’évoquer en particulier médecins et sorciers (dont Jean de Bar qui meurt sur le bûcher en 1398) tentant de guérir la folie de Charles VI ou l’affaire des possédés de Loudun.

Jacques Hochmann diserte autour de la phrénologie, théorie selon laquelle les bosses du crân reflètent le caractère de l’individu ; Franz Joseph Gall, né dans le Pays de Bade en 1758 mais exilé en France dès 1808, fut le précurseur de courant d’idées. Patrick Clervoy évoque la stérilisation des gens étiquetés "malades mentaux" présentant notamment le médecin français Bénédict Augustin Morel qui, dans un ouvrage paru en 1857, entend combattre l’abâtardissement de la race mais aussi Charles Richet, prix Nobel de médecine en 1913 pour sa découverte de l’anaphylaxie (manifestation la plus sévère de l'allergie), dreyfusard de la première heure,  mais aussi fondateur de la Société française d’eugénique.

Gérard Ostermann s’intéresse au sort des anorexiques, alors que Patrick Lemoine évoque la mélancolie en l’illustrant notamment par la figure de Louis XI et Charles Quint. Pierre Lemarquis se penche sur Messmer théoricien du magnétisme animal, capacité de tout homme à guérir son prochain grâce à un "fluide naturel" dont le magnétiseur serait la source.

Pierre Lamothe nous fait connaître Cesare Lombroso, né le 6 novembre 1835 à Vérone, au sein d'une famille juive, et mort en 1909. Il a essayé de repérer les criminels en considérant qu'il s'agissait d'une classe héréditaire qu'on pourrait distinguer par l'apparence physique et plus particulièrement en s’intéressant à la forme de leur crâne. Ses études, comme celles de  Bénédict Augustin Morel, furent utiliser pour élaborer des théories racialistes. L’auteur poursuit son propos en l'élargissant à des questions de notre époque, ayant trait avec le moralement correct.

Jean Furtos se penche sur l’usage qu’il fut fait de la psychiatrie dans les dernières décennies de l’URSS où elle servit à réprimer les opposants politiques, mais aussi sur différents violences sociales comme celle qui au début des années 2000 se traduisit par une montée fulgurante des suicides chez les paysans indiens du Kérala se trouvant endettés après s’être fait imposer la culture des OGM.Stéphane Mouchabac imagine ce que pourrait être la psychiatrie en 2048 pour poser la question des conséquences de l’usage massif de l’intelligence artificielle. La conclusion retrace, sous la plume de Patrice Lemoine, l’évolution dresse un bilan de l’évolution de la psychiatrie depuis la fin de la Seconde mondiale à nos jours. L’internement pour faits de résistance de membres du personnel soignant durant ce dernier conflit et l’usage du Largactil comme calmant ont eu de nombreuses conséquences qui renouvelèrent les pratiques.   

Pour connaisseurs Aucune illustration

Patricia

Note globale :

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