Avis de Patricia : "Une collection d’anecdotes"
Ce titre propose six chapitres respectivement intitulés : généralités, la peau humaine, le poil, les muscles, le squelette, les membres. Cet ouvrage permet de rencontrer des hommes connus, ainsi voit-on Édouard VII lancer une attraction pour le tatouage dans les milieux distingués après que ce dernier se soient faits dessiner sur la peau un dragon et une ancre de marine. L’auteur reprend ce qui paraît relever de la légende, à savoir que Bernadotte, officier durant la Révolution française, s’était fait tatouer la phrase "Mort aux tyrans". Rappelons que ce dernier, au demeurant franc-maçon très actif, fut par la suite choisi, par certains dirigeants suédois, comme roi de leur pays. Notons, qu’un peu plus loin, on apprend que le roi anglais Henri IV popularisa le port de la barde qui, quelques dizaines d’années auparavant, avait interdit par le parlement de ce pays.
L’auteur balaie toutes les époques de l’Antiquité à nos jours et quasiment tous les continents. Ainsi, autour du thème des cheveux, sont évoqués les Chinois tant sur la question de la natte imposée par les Mandchous aux Hans (Chinois de l’ethnie dominante) que sur le fait que s’exportaient autour de 1900 de nombreux cheveux chinois dans le but de réaliser des perruques pour les Européens. Toujours dans l’Empire du milieu, dans certaines provinces, les crânes humains étaient réutilisés pour fabriquer des tambours à vocation religieuse. Il était logique que notre auteur aborde également, en rapport avec la Chine, la question des pieds bandés ; ceci d’autant que cette coutume qui remonte à la dynastie des Song (autour de l’an 1000), perdurait à l’époque où ce livre fut écrit.
Augustin Cabanès aborde une autre torture du corps féminin, mais cette fois pour l’Occident, la coutume d’imposer dans les milieux aisés le corset aux femmes. Les conséquences sur le déplacement d’organes sont avancées et il semblerait que certaines stérilités s’expliquent par cet usage.
L’auteur, né en 1862 dans le Lot, est présenté comme médecin et journaliste. Il collectionne les anecdotes, sans beaucoup de regard critique, et il y a tout lieu de penser qu’il a préféré le pittoresque au scientifique. Les deux plus belles perles en la matière nous semblent être l’histoire de la femme qui a ses règles par le pouce, après avoir perdu ses ovaires (page 201) et un récit patriotique très certainement de pure invention (page 114, on nous rapporte qu’un Français cachait dans deux fausses dents, fin 1870, une dépêche du gouvernement de Tours pour les autorités militaires d’un Paris assiégé. Bref, si globalement le contenu est très distrayant, quelques informations données sont à prendre avec des pinces chirurgicales. Quant à l’étymologie donnée de poltron (page 193), à savoir celui qui se fait couper le pouce pour ne pas servir dans les armées romaines comme légionnaires, elle méritait vérification. Cela s’est révélé exact.
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