Avis de Benjamin : "Si le diable n’y mets pas la patte (pape François)"
Dans une introduction, l’auteur avance qu’au-delà de facteurs changeants (comme le nombre de cardinaux électeurs qui passa progressivement de la vingtaine à la trentaine, se stabilisa à soixante-dix pendant trois siècles et demi, puis monta progressivement jusqu’à être potentiellement cent-trente-quatre aujourd’hui), il y a trois modalités immuables pour les conclaves, à savoir la réglementation qui régit le mode d’élection, le cérémonial qui l’entoure et le choix humain à faire.
Chacun des chapitres est consacré à un conclave particulier. Le plan pour le développement de l’ouvrage est donc :
I. Le plus long conclave de l’histoire
Grégoire X (1268-1271)
II. Une élection contestée : la naissance du Grand Schisme d’Occident
Urbain VI (1378)
III. Un concile élit le pape
Martin V (1417)
IV. L’élection d’un « père de famille »
Alexandre VI (1492)
V. Éviter un pape anglais
Jules III (1549-1550)
VI. Un conclave en exil
Pie VII (1799-1800)
VII. Un conclave sous la menace
Grégoire XVI (1830-1831)
VIII. La fin du veto politique
Pie X (1903)
IX. Un conclave face aux totalitarismes
Pie XII (1939)
X. Une élection inattendue
François, le premier pape sud-américain (2013)
Le premier conclave exposé dura trois ans et les conditions de sa tenue ont été prétexte tant à des légendes qu’à une suite de péripéties. L’élection se fit sur le nom de Tebaldo Visconti, un chanoine de Lyon puis archidiacre de Liège qui avait été ami de Saint Thomas d’Aquin. Il résidait en Palestine au moment de son élection. C'est sous son pontificat, que commence l'enquête en vue de la canonisation du roi Louis IX qui déboucha en 1297. Élu comme Grégoire X, il réglementa les conclaves à venir pour éviter les longs interrègnes.
1378 est l’année d’élection de deux papes, à savoir Urbain VI et Clément VII. Le premier est à Rome et le second en Avignon. Le Grand Schisme d’Occident dura en fait jusqu’en 1417 où le concile proclame sa supériorité sur le pape et élit Martin V. L’élection de Jules III est le fruit du soutien du roi de France Henri II et c’est depuis ce conclave de 1549 et 1550 que l’’exclusive devient un usage au profit de la France, l’Espagne et l’empereur du Saint Empire romain-germanique (passant à l’empereur d’Autriche à la dissolution de ce dernier au début du XIXe siècle).
Le conclave de 1799-1800 permet de rappeler qu’à cette époque les États de l’Église ont été remplacés par une République romaine réduite en dimension par rapport à ces derniers et éphémère. La République de Venise vient de disparaître et c’est donc dans une Venise autrichienne que se tient le conclave en question. Vienne s’oppose fermement à l’élection du cardinal Bellisomi et ce fut le cardinal Chiaramonti qui fut choisi prenant le nom de Pie VII. Son pontificat dura vingt-trois ans et il vit donc le rétablissement, avec leurs limites d’avant la Révolution française, des États de l’Église dans la péninsule italienne.
Celui de 1903 est le dernier où un des trois Etats, qui en a l’usage coutumier, met son veto à l’élection d’un fort potentiel porteur de tiare. Cela se fit à l’encontre du cardinal Rampolla. L’auteur ne retient pas l'idée d’une exclusive contre celui-ci motivée par le fait, qu’après le suicide de son fils à Mayerling, il aurait refusé à l’empereur François-Joseph la dispense nécessaire pour faire enterrer l'archiduc en terre consacrée. Yves Chiron préfère l’hypothèse que le Cardinal Rampolla se faisait porteur des revendications des Slaves au sein de la Double-Monarchie et qu’il entendait parallèlement mener une action de conciliation avec la Russie qui soutenait ces mêmes aspirations.
Les péripéties des quatre autres conclaves étudiés ne manquent pas de porter nombre de phases de suspens. On découvre en particulier que les rumeurs médisantes à l’égard du futur élu furent nombreuses lors du conclave qui déboucha sur l’élection du pape François. Dans une épilogue, l’auteur disserte sur un possible choix d’un futur pape recentrant géographiquement et doctrinalement l’Église et rapporte que la cardinal hongrois Erdö est cité pour cette mission. ’
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