Avis de Benjamin : "Nous avons le sentiment que par quelque fissure la fumée de Satan est entrée dans le peuple de Dieu"
Cette pensée est tirée d’une phrase d’une homélie du 29 juin 1972 de Paul VI, que nous citerons en entier avec la suivante afin d’en saisir bien la portée:
« Devant la situation de l'Église d'aujourd'hui, nous avons le sentiment que par quelque fissure la fumée de Satan est entrée dans le peuple de Dieu. Nous voyons le doute, l'incertitude, la problématique, l'inquiétude, l'insatisfaction, l'affrontement. On n'a plus confiance dans l'Église ».
Cependant pour qui a connu un peu les prêtres catholiques, partisans de Vatican II, dans le milieu des années 1960 le souvenir nous reste d’hommes comblés par le sentiment que l’Église se retrouvait pleinement en phase avec la société de l’époque, par un esprit proche des racines du christianisme, y compris dans l’attention qu’elle portait vis-à-vis des frères protestants ou orthodoxes et aux incroyants. Cette sérénité ils en rendaient grâce à Paul VI auxquels ils reconnaissaient la vertu d’avoir su conclure avec succès le concile de Vatican II. En effet ouvert par Paul VI le 11 octobre 1962, ce dernier est clos le 8 décembre 1865.
Mgr Montini (le futur Paul VI) avait proposé que le concile suive trois sessions : la première aurait pour but de définir l'Église, la deuxième les fonctions de l'Église (liturgie, morale et missions), et la troisième les relations entre l'Église et le monde. Le 20 novembre 1962, avec les cardinaux Albert Meyer et Paul-Émile Léger, il demande à Jean XXIII d’écarter le texte sur la Révélation, dont le contenu lui semble proposer trop peu d'ouverture à l'égard des non-catholiques.
Cette biographie est le produit du travail de quatre chercheurs et a été édité pour l’Italie en 2014 par l'Institut Paul VI de Brescia, un institut destiné à recueillir et valoriser les archives de Paul VI pour «garder vivante la mémoire du pape brescian». Il s'agit donc d'une œuvre collective et les quatre parties ont été écrites respectivement et dans l’ordre des chapitres par Xenio Toscani (l’ouvrage est placé sous sa direction), De Fulvio de Giorgi, Giselda Adornato, ou Ennio Apeciti. On ne s’étonnera pas si l’ouvrage prend quelque peu des couleurs hagiographiques.
Ce travail fait d’ailleurs une belle part aux citations. On apprécie beaucoup la vingtaine de photographies de Paul VI depuis l’âge de 9 ans jusqu’à son voyage en janvier 1964 en Terre sainte, le résumé chronologique de la vie de notre personnage et l’index des noms de personnes. Le premier chapitre comptent deux chapitres qui se nomment "La famille, les amitiés, les études" et "La décennie de la FUCI", rappelons que la FUCI est la Fédération des universitaires catholiques italiens et que le futur pape est aumônier du Cercle romain de cette association. On y apprend que notre personnage dit avoir appris de sa mère la spiritualité et de son père le courage.
La seconde partie ne compte qu’un seul chapitre intitulé "À la secrétairerie d’état", on y pointe l’influence de la pensée des philosophes français Jacques Maritain, Blondin, Guitton, son soutien à l’expérience des prêtres-ouvriers et son action pour la création d’une démocratie chrétienne italienne qui accepterait une société laïque. Mgr Montini passe pour un habile intermédiaire auprès de Pie XII et apparaît le dicton, où la montagne est Pie XII:
« Pourquoi aller à la montagne quand on peut passer par Montini? »
La troisième partie traite de ce qu’on pourrait appeler l’exil milanais, le pape Pie XII s’étant étonné de certaines initiatives de Mgr Montini, il refusa de le nommer cardinal car il ne souhaitait pas voir Mgr Montini devenir pape et souhaitait donc l'éloigner du Vatican. Il est arrivé en janvier 1955 pour prendre ses responsabilités d’archevêque de Milan ; à son départ en 1963, il aura fait construire soixante-douze églises et il en laisse plus d’une vingtaine en chantier. Jean XXIII à peine élu nomme cardinal Mgr Montini et l’on sait l’influence que ce dernier eut dans la préparation du concile œcuménique ; Jean XXIII avait nommé le cardinal Montini membre de la commission centrale chargé de cette tâche.
Le bilan de l’action de Paul VI lu à travers le récit de son pontificat nous laisse entrevoir combien Paul VI a des points communs avec l’actuel pape François ; d’ailleurs en annexe 1 est proposé un texte de François rendant hommage à Paul VI (on comparera avec ce qu’écrit sur ce dernier en 1978 le cardinal Joseph Ratzinger au décès de Paul VI). L’action montinienne est développée à travers quatre chapitres : "Paul VI et la continuation du concile œcuménique", "L’actualisation du concile", "L’année 1968", "Le temps de la persévérance", "Le courant lumineux".
Pour connaisseurs Quelques illustrations
http://www.ktotv.com/video/00099669/redecouvrir-paul-vi-pape-du-concile-et-inspirateur-du-pape-francois