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Les évêques des Lumières: administrateurs, pasteurs, prédicateurs

Les évêques des Lumières: administrateurs, pasteurs, prédicateurs
Presses universitaires Blaise Pascal2015 pages
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Avis de Benjamin : "C’était au temps où des curés étaient dans les loges et des évêques dans l’éloge"

Dans l’introduction, Stéphane Gomis dit que les évêques français du XVIIe siècle appartiennent à "un épiscopat de cousins", c’est-à-dire qu’ils sont choisis depuis Louis XIV dans les mêmes familles de la haute noblesse.

Il s’agit ici de douze contributions, reprenant les communications tenues lors d’une journée d’étude en 2013 à Clermont-Ferrand à l’occasion du 350e anniversaire de la naissance à Hyères de Jean-Baptiste Massillon. Ce dernier fut évêque de Clermont de 1719 à sa mort en 1742 ; ses sermons connurent de nombreuses éditions et il composa l’oraison funèbre de la Princesse Palatine (mère du Régent) en 1722. On lui doit cette réflexion :

« Si nous ne naissons que pour les plaisirs des sens, pourquoi ne peuvent-ils nous satisfaire, et laissent-ils toujours un fonds d'ennui et de tristesse dans notre cœur ? »

Dans la dernière partie, trois contributions sont destinées à mieux le faire connaître.

La première étude de la première partie est d’Isabelle Brian et la seconde de Stefano Simiz  sont centrées sur le travail de prédication dans les évêchés du royaume de France dans les années où Jean-Baptiste Massillon exerce en Auvergne ou durant tout le XVIIIe siècle.  Frédéric Meyer s’intéresse aux conditions de création et les premières années de vie de cinq diocèses dans les limites de la France de notre époque, si bien que deux concernent le duché de Lorraine et un la Savoie (région appartenant au royaume de Sardaigne) ; les deux autres sont Dijon et Saint-Claude.   

Xavier Brilland dresse le portrait d’un évêque du diocèse de Gap de 1774 à 1777 puis du Mans de 1777 à 1799. Ardent partisan de la  Réforme tridentine, il veille à l’état moral des prêtres et l’état matériel des lieux de culte. Arnaud Pertuis évoque Mgr Biord qui est un des rares évêques roturiers de  cette époque ; il est recommandé par son prédécesseur au nouveau roi de Sardaigne.  Mgr Biord est évêque de Genève-Annecy de 1764 à 1785 ; l’on sait qu’en 1769, il veut interdire à Voltaire de communier de nouveau s'il ne renie pas, devant notaire, ses écrits antichrétiens. Voltaire se faisant passer pour moribond réussit pourtant à communier une fois de plus. Mgr Biord crée des bourses d’étude pour les écoliers pauvres de son diocèse et encourage à l’alphabétisation ; il est vrai qu’il est en face de populations protestantes (la ville de Genève et le canton de Berne avec ses terres sujettes d’alors au nord du lac de Genève) qui se font un devoir de lire la Bible.

 

Cette carte des diocèses d'avant 1789 n'est pas dans le livre,

65 indique le diocèse de Clermont.

Arnaud Pertuis note que ce même roi nomme au diocèse de Chambéry un autre roturier dans un but évident de "fonctionnariser" ces postes. Xavier Maurange parle de Mgr de Maniban archevêque de Bordeaux de 1730 à 1743, après avoir été évêque de Mirepoix. Il a  décidé de lutter contre le jansénisme, pourtant peu implanté en Aquitaine.

Un article d’Olivier Andurand explique pourquoi le contenu du Missel de Troyes dû à Mgr Jacques-Bénigne Bossuet (le neveu de Jacques-Bénigne Bossuet, connu sous le nom  de "l'Aigle de Meaux") évêque de Troyes de 1716 à 1742 souleva bien des questions car on le soupçonne de faire place aux idées jansénistes et quiétistes. Brunot Léal choisit d’évoquer le conflit entre l’Inquisition et un évêque portugais, à savoir Mgr Inacio de Santa Teresa qui servit successivement de 1721 à 1751 à Goa en Inde puis à Faro en Algarve. Paradoxalement la demande en matière de rigueur des mœurs du clergé et des fidèles vient de lui et ses partisans les Jacobéens et non de l’Inquisition.  Caroline Chopelin-Blanc déborde un peu la période de la fin de l’Ancien régime en s’intéressant au premier évêque constitutionnel du département de Rhône-et-Loire (ce dernier disparaît au profit du département du Rhône et celui de la Loire en 1793) ; on remarque bien des points communs pours le parcours d’avant 1791 entre lui et un autre évêque constitutionnel, à savoir l’abbé Grégoire.   

Dans la conclusion de l’ouvrage Bernard Dompier note que certains idéaux des Lumières sont repris en compte par les évêques français, même s’ils produisent des textes condamnant les idées philosophiques en cours.  Les évêques des Lumières est un ouvrage qui permet de façon approfondie d’approcher des personnalités particulières et cela réjouira tant les lecteurs intéressés par l’histoire de leur région que ceux qui veulent découvrir combien l’Église, tout en étant traversée par des querelles en matière d’interprétation de la foi, gère les affaires courantes d’un diocèse.

Pour connaisseurs

Benjamin

Note globale :

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