Avis de Ernest : "La Gambie, un ver dans le fruit du Sénégal et la Casamance, un surgeon du tronc du Sénégal"
Les Britanniques, en s’installant en Gambie (la forme de ce territoire rappelant celle d’un ver), causent l’indépendance de cette colonie qui coupe en deux le Sénégal, laissant la Casamance, qui constitue la partie sud de ce pays, développer d’autant plus aisément des traits culturels spécifiques. Les difficiles relations entre la Casamance et Dakar, depuis l’indépendance, ne sont pas toutefois évoquées ici.
Dans l’introduction, l’auteur explique que le mot "Casamance" vient d’une expression portugaise "Casa di mansa" qui signifie "Case du roi". Dans la première partie, l’auteur nous donne les sources orales ou écrites qui l’ont aidées dans son étude. Dans la deuxième partie, il s’agit de nous conter l’histoire de la Casamance avant l’arrivée de l’islam. Au nom du roi du Portugal, trois navigateurs explorent la région au XVe et XVIe siècle ; ce sont Dinis Dias, Alvise Cadamosto et André Alvares Amada. Ziguinchor devient un comptoir portugais en 1645.
Séga Seckou Sagna nous dépeint le royaume des Baïnounks et en particulier les croyances qui habitent ces derniers. De l’espace malien d’aujourd’hui, arrivent les Mandings qui instaurent le royaume de Kabou sous l’impulsion de Tiramakhan Traore. Les Peuls sont asservis et leur soulèvement mis fin au royaume de Kabou. La société manding est approchée par son aristocratie et ses castes. Les Mandings ont une religion de type manichéen, excision et circoncision sont la règle. Les Diolas, l’ethnie majoritaire, sont évoqués ensuite ; ils seraient originaires des Grands lacs. Les Balants, anciens captifs des Peuls, conduits par leur souverain Koli Tenguéla Bâ, s’installent au début du XVIe siècle en Casamance. On poursuit en évoquant la société des Peuls.
Illustration absente de l'ouvrage
La troisième partie étudie les conditions dans lesquelles l’islam d’installe au début du XVIIe siècle et comment se développe la culture manding. La quatrième partie est consacrée à la progressive colonisation française dans la région ; les revendications portugaises se trouvent niées tant par Paris que par Londres. Les principales figures de l’implantation française sont présentées ; commencée à la fin de la Restauration, la politique des traités inégaux avec les chefs des tribus africaines se développe sous les régimes suivants et en parallèle Ziguinchor est cédé en 1886 par le Portugal à la France. La dernière partie montre que deux vagues successives de renforcement de l’islamisation arrivent en réaction à la présence coloniale. Toutefois les missions catholiques rencontrent un certain succès. L’auteur conclut en avançant que l’islam comme la colonisation civilisèrent la Casamance et lui permirent d’accéder à une modernité des mœurs et des institutions (certains lettrés musulmans n’hésitant d’ailleurs pas à devenir de zélés auxiliaires dans la collecte de l’impôt). Le grand intérêt de l’ouvrage repose sur cette étude des conditions d’implantation d’un islam qui se réalisent sans la pression de nouveaux conquérants, comme ce fut le cas en Afrique du nord.
Pour connaisseurs Aucune illustration