Avis de Benjamin : "Attention un Coran peut en cacher un autre et on peut dérailler"
C’est un dialogue fictif mais pas factice entre les deux auteurs et cela a réellement une intelligente couleur pédagogique. Le lectorat potentiel peut se trouver autant chez les musulmans que chez ceux qui ne le sont pas. Le fil rouge étant de rappeler que le Coran a été écrit durant un contexte sociétal particulier. « Le Coran dit des tas de choses, Ismaël, mais est-ce qu’il les dit directement à toi ou est-ce qu’il a dit ces choses d’abord à un peuple au 7e siècle ? ».
Il s’agit de déconstruire certaines affirmations. Ainsi la polygamie n’est pas conseillée, mais elle est permise si elle est une chance pour donner un nouveau père aux enfants d’une veuve (page 19). Dans nombre de recommandations, le Prophète tenait compte du "mur anthropologique". Ainsi Mohamed ne pouvait demander l’abolition de l’esclavage dans la société où il vivait ; il doit se contenter de militer pour modérer la souffrance des esclaves (page 21). Selon les auteurs, Dieu n’entendait pas « pérenniser ce modèle pour l’éternité » (page 23). Nombre de points sont abordés et cela permet de relativiser bien des affirmations péremptoires venant soit d’intégristes musulmans soit de gens qui font une phobie sur l’islam.
Ainsi le port de la barbe n’est recommandé que dans les hadiths du IXe siècle et le djihad relève d’une demande de soutien au projet de répandre la nouvelle religion. Ce que craint le Prophète c’est l’ivresse qui peut suivre l’absorption d’alcool car des querelles meurtrières peuvent en découdre, mais il n’interdit pas l’alcool. D’ailleurs ajouterons-nous personnellement que dans l’Andalousie et à Bagdad on sait que la consommation de vin était assez courante autour de l’an 1 000. Pour la question du voile, on retiendra une demande de pudeur dans le texte sacré, mais il n’est pas obligatoire que cela se traduise par le port du voile. J’ajouterais personnellement que ma grand-mère, certes née voici bien plus d’un siècle ne sortait pas dans son village sans son foulard sur les cheveux…
D’après les auteurs ce ne sont pas tous les juifs qui sont les ennemis de Mahomet mais ce sont des tribus qui ayant choisi la religion d’Israël, se désengagent de l’alliance avec le Prophète et deviennent donc ses adversaires à leur propre initiative. Je n’ai pas remarqué que soit traité la question des versets abrogés/abrogeants qui permettent régulièrement de traiter de "faux-jetons" les musulmans. La partie "Pour aller plus loin" apporte des compléments théoriques au contenu discursif qui précède. Rachid Benzine est chercheur associé à l'Observatoire du Religieux, islamologue il enseigne à l'IEP d'Aix-en-Provence et à la Faculté Protestante de Paris et Ismaël Saidi est un homme du spectacle vivant connu pour sa pièce Djihad. Il est aussi l’auteur d’une série télévisée au Maroc vue par onze millions de téléspectateurs.
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