Avis de Benjamin : "C'est nous les martyrs qui revenont de loin"
Certes on bénéficiait depuis 2005 des actes du colloque " Saint Maurice et la légion thébaine" tenu en 2003 des 17 au 20 septembre en divers lieux de Suisse, toutefois il s’agit là d’un ouvrage de chercheurs, avec un nombre non négligeable de communications en allemand (voire en italien), des textes portant sur des points très précis se terminant par des non-réponses dans un style de chercheur, une copieuse pagination de quasiment 500 pages.
Aussi était-il souhaitable d’offrir une vulgarisation, prudemment intitulé "Saint-Maurice dans la légende des siècles". En effet beaucoup de faits liés au personnage saint Maurice relèvent d’hypothèses et il s’agit aussi d’étudier le passé de l’abbaye de Saint-Maurice, à qui on prête des visiteurs illustres fort peu plausibles (comme saint Martin de Tours) et des moines aux qualités extraordinaires. On apprécie que soient proposés un plan de l’abbaye et un glossaire (vocabulaire religieux et architectural se côtoient), de plus la couverture du livre reprend un tableau du Greco.
Parce qu’on l’appelle "Maurice" (allusion aux Maures) et qu’il est rapporté chef d’une légion de Thèbes en Égypte, on a pu penser que Maurice était fort basané, voire noir. C’est Eucher évêque de Lyon et un anonyme qui mettent sur papier la légende de saint Maurice au milieu du Ve siècle. Les légionnaires, sous les ordres de Maurice, refusent de pourchasser les chrétiens dans la région qui deviendra le canton suisse du Valais :
« Empereur, nous sommes tes soldats, mais aussi les serviteurs de Dieu. A toi, nous devons le service militaire, à Lui une conscience pure. Nous sommes prêts à porter les mains contre n’importe quel ennemi, mais nous estimons que c’est un crime que de les ensanglanter en massacrant des innocents. Nous avons d’abord prêté serment envers Dieu, ensuite nous avons prêté serment envers le souverain. Sois persuadé que le second n’a plus aucune valeur pour nous si nous avons rompu avec le premier ».
On serait vers 300 au moment où Dioclétien a institué une tétrarchie qui voit l’Empire géré par lui-même pour sa partie orientale (avec un adjoint pour les régions danubiennes) et pour sa partie occidentale par Maximien secondé par Constantin Chlore pour la Gaule et la Bretagne d’alors (donc outre-Manche).
Il s’en suivrait le massacre des soldats ayant refusé d’agir un 22 septembre. Un siècle plus tard, la basilique d'Agaune est bâtie sur le lieu présumé du massacre. Un chapitre nous montre le roi des Burgondes, fils d'un roi arien mais lui-même catholique, qui vient en 515 assister à la consécration de l’abbaye. Les chapitres suivants nous montrent l’importance acquise par le pèlerinage en ce lieu et l’évolution que connaissent les bâtiments. L’histoire, écrite ici par un croyant, ne présente pas la possibilité que ce soit des corps de Romains victimes d’une incursion alamane vers 275-277 qui aient été retrouvés, dans la mesure où il n'existe pas de relation de ce massacre à l'époque où il est censé s’être produit. D’ailleurs une stèle parlant de la mort de Junius Marinus lors de cette bataille a été retrouvée à Saint-Maurice.
Pour tous publics Peu d'illustrations
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