Avis de Benjamin : "Grandes femmes et humbles hommes"
Nicole Vray a été successivement la directrice de la Bibliothèque municipale de Saint-Brieuc et la directrice de la bibliothèque départementale des Deux-Sèvres. Ceci explique l’importance de ses études autour du protestantisme en général ou de figures protestantes du Poitou, de la Saintonge et de l’Aunis .
Elle livre un ouvrage qui permet de revisiter des figures connues de tous et d’autres à découvrir. L’auteure s’est plongée pour cela dans les diverses versions de l’Ancien Testament qui existent et divers dictionnaires et recherches non seulement autour de la Bible et du judaïsme des débuts mais aussi sur l’histoire de la Mésopotamie et le Proche-Orient au cours de l’Antiquité.
Nicole Vray nous offre quatre cartes très lisibles, l’une sur une double-page et une autre "L’empire perse et l’empire d’Alexandre" (avec une mention des provinces) proposée intelligemment dans le sens de la longueur. Le mot "intelligemment" n’est pas de trop quand on peut voir le nombre de livres où des cartes sont quasiment incompréhensibles dans le sens de la longueur où elles sont proposées, alors qu’avec un basculement en format pausage, elle auraient été très lisibles. Nicole Vray propose en annexe, des repères chronologiques qui courent de 6000 avant Jésus-Christ au premier siècle de notre ère. Le glossaire permet de préciser le contenu à mettre derrière certains noms communs (comme la loi du Lévirat, Éden, apocryphe…) ou nom propres (de peuples, villes, personnages).
Nicole Vray ouvre évidemment sur la personnalité d’Ève, seule représentante de ce que l’auteure appelle Le temps des origines. Elle poursuit pour "Le temps des patriarches" avec Sara, Rébecca, Léa et Rachel puis Tamat. Les nombreuses femmes liées à l’histoire de Moïse sont évoquées dans" Le temps de l’Exode", on trouve ensuite Déborah et Ruth pour "Le temps des juges", Btehsabée et la reine de Sabah pour "Le temps de la monarchie", Judith pour "Le temps des Assyriens", Esther pour "Le temps Perses". Si on est heureux de voir évoquer Marie, on est surpris de la trouver ici car les informations glanées sur elles sont prises évidemment dans le "Nouveau testament" et on aurait préférer un dyptique de la part de Nicole Vray avec un premier tome pour les femmes de l’"Ancien testament" et un second sur celles du "Nouveau testament".
Lorsqu’elle parle d’un personnage, l’auteure déroule un discours cohérent, ce à quoi elle ajoute en grisé des points destinés soit à apporter des explications complémentaires sur un aspect ou à proposer une anecdote pouvant être distrayante. Ainsi dans les pages autour de la reine de Saba, les points secondairement formateurs se centrent autour des deux royaumes issus de celui de Salomon, les caractéristiques du royaume de Saba, un exemple d’énigme que la reine de Saba aurait posé à Salomon.
Nicole Vray est une chrétienne, mais reste une historienne, ainsi pointe-t-elle les difficultés à faire correspondre les agendas de la reine de Sabah et du roi Salomon :
« En effet, si le règne de Salomon est aujourd’hui daté approximativement de 960, et le royaume de Sabah fondé entre 130 et 700 d’après les historiens et les archéologues, des questions se posent sur à la fois la coexistence des personnages à un même moment, Salomon lui-même et la reine de Sabah, étrangement "anonyme". De cette reine, les rédacteurs bibliques ne savaient-ils rien ? » (pages 123-124)
Nicole Vray mesure le message que certaines femmes portent à travers le récit qui est fait de leur vie, ainsi à propos de Judith, la belle et encore jeune veuve qui décapite le général assyrien Holopherne en lui faisant croire qu’elle lui apporte de précieuses informations sur les Juifs, "Grandes Femmes de l’Ancien Testament" avance que :
« Le rédacteur a transformé la femme sage, pieuse et effacée en héroïne de guerre dont la ruse a libéré le peuple. (…) Le message était que le peuple d’Israël, qui restait fidèle à Dieu, pouvait résister contre toute agression ». (page 134)
En conclusion, l’auteure avance que :
« Magnifiées, ces figures féminines ont été haussées au rang de héros légendaires, réservé jusque-là aux hommes. D’un grand modernisme, les auteurs bibliques, tous d’une société patriarcale, n’ont pas donné de rang supérieur aux femmes qu’ils décrivaient, mais un rang égal aux hommes à qui elles étaient alliées ou confrontées ». (page 162)
Pour connaisseurs Peu d'illustrations