Avis de Benjamin : "Racines et feuilles vivent et meurent assurément, mais comment la graine connaîtrait-elle une fin ?"
Il s’agit de l’ouvrage intitulé en chinois 牟子理惑論 de Meou-Tseu (en pinyin Móuzi). Béatrice L’Haridon a établi cette nouvelle traduction, elle renouvelle celle qu’en avait donné Paul Pelliot en 1920 dans la revue T’oung Pao. Béatrice L’Haridon pense qu'il pourrait avoir plusieurs auteurs de l’ouvrage Dialogues pour dissiper la confusion.
Par contre on sait que cet écrit est ancré dans le contexte géographique de l’actuelle province du Guangdong, soit aux limites de la Chine de l’époque et de celle d’aujourd’hui (à la frontière du Vietnam) et cette région dite alors du Jiaozhi a appartenu au royaume du Nanyue, rattachée vers 100 avant Jésus-Christ à l’Empire chinois.
Image absente de l'ouvrage
Le texte premier de Dialogues pour dissiper la confusion a peut-être été écrit à la fin de la dynastie des Han orientaux environ 200 ans après Jésus-Christ (c’est ce qu’affirme le contenu de sa préface qui présente son auteur officiel), toutefois il est fait mention aussi d’évènements bien plus tardifs qui se sont déroulés durant la période des Trois royaumes, voire des Jin. L'introduction du bouddhisme en Chine s’est faite au cours du Ier siècle de notre ère, et on sait que l’empereur Mingdi en 68, patronna à Luoyang (dans le Henan actuel) la fondation du premier temple bouddhiste en Chine, à savoir le Temple du cheval blanc (白馬寺 Báimǎsì).
Le texte occupe exactement la moitié du volume, il est présenté, sur la page de gauche, dans sa version originelle, c’est-à-dire en chinois classique et en écriture traditionnelle. La traduction en français est sur la page de droite. Dialogues pour dissiper la confusion est une page importante de l'histoire du bouddhisme chinois, dans la mesure où il est une première étape vers le syncrétisme chinois en matière de religion où confucianisme, taoïsme et bouddhisme vont coexister. L’enseignement du Bouddha rejoint les règles de la morale confucéenne, le taoïsme ainsi que le bouddhisme se rapprochent dans une mystique quiétiste et les divinités bouddhistes arrivent en complément des divinités taoïstes. Les notions de nirvana et de non-agir (dans le taoïsme) sont comparées l’une à l’autre… Toutefois l’esprit général de l’ouvrage vise à montrer que confucianisme et bouddhisme sont compatibles et le taoïsme sort dévalorisé de la démonstration. La forme est celle de courtes questions suivies de longs développements.
Pour connaisseurs Peu d'illustrations