Avis de Alexandre : "Contre d’aigres nouilles de bénitier, mais pas seulement..."
Premier point très positif, cet ouvrage est très illustré, ce qui relève de l’exceptionnel pour l’éditeur auquel il a été fait appel. D’autre part une très intéressante chronologie, sur 19 pages et courant de1816 à 2017, se propose de relever non seulement les initiatives de libres-penseurs à travers le monde mais aussi entre autre les questions relevant d’actions en rapport avec le catholicisme (par exemple des signatures ou ruptures de concordat ou des parutions d’encycliques), des créations de mouvements religieux (les Mormons, les Témoins de Jéhovah…), des évènements significatifs d’importance internationale (comme le Sac du palais d'été à Pékin en 1858)…
L’ouvrage débute en montrant que l’Église a et a eu de bons serviteurs parmi les hommes politiques, on n’est d’ailleurs guère surpris que le groupe France-Saint-Siège du Sénat soit présidé par Jean-Claude Gaudin, donné dans divers écrits comme membre de l’Opus Dei. Plus surprenant est, en allant sur internet, de trouver le nom non cité du sénateur communiste qui en ait membre à savoir Éric Bocquet. On ne peut pas l’accuser d’être l’œil de Moscou car en matière de propos dithyrambiques sur la Russie d’aujourd’hui, c’est nettement vers la porte de la droite conservatrice voire extrême, souvent fort imprégnée par le catholicisme, qu’il faut s’adresser aujourd’hui.
Fermons cette parenthèse et revenons à l’ouvrage de Louis Couturier. Il n’y a pas d’internationale sans un chant fédérateur et on remercie l’auteur de nous l’avoir fait connaître pages 37 à 40, la musique est de V. Kalkman l’auteur des paroles en est Renaud Strivay, un enseignant belge né dans les années 1870 et mort en 1945 (voir http://neupre.blogs.sudinfo.be/archive/2012/04/24/renaud-strivay-poete-de-chez-nous-1.html ). Et il existe aussi, à partir d’un calendrier républicain, une production où les saints chrétiens sont remplacés par les martyrs de la Libre-Pensée.
Notons que l’allemand Max Sievers écrivait que « le Libre penseur est celui-là seulement qui utilise tout son savoir et toutes ses connaissances comme outils dans le combat pour délivrer l’humanité de la servitude intellectuelle » (page 37). Les proscrits du Second Empire étaient pour un nombre important des libres-penseurs et les premières associations de libres-penseurs apparaissent en Belgique avec parmi leurs membres des Français exilés. Les Italiens suivent en 1864. Deux ans plus tard le blanquiste Émile François Désiré Eude fait paraître l’hebdomadaire parisien La Libre Pensée. C’est ce nom qui sera repris pour désigner ceux qui se réclament de la raison et refusent de fréquenter un quelconque mouvement religieux.
Ce n’est donc pas un hasard si en 1880 se tient à Bruxelles le premier congrès de l’Internationale de la Libre Pensée. La création de la Fédération française de la Libre-Pensée date de 1890. Divers chapitres permettent de situer bien le contexte dans lesquels se tiennent les congrès, évoquant par exemple les Davidées ou de l'apparition, dans l'univers syndical, de la CFTC pour la France. Par contre je n’ai pas trouvé mention dans le texte de la création d’un mouvement de libres-penseurs communistes dans le milieu des années 1920, organisation qui en France prit le nom de l’Association des travailleurs sans Dieu ; elle est membre de la Fédération internationale de la Libre-Pensée prolétarienne. Il y a mention toutefois de cela dans la chronologie à la date de 1925.
Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations