Les juifs d’Éthiopie de Gondar à la Terre promise

Shlomo Sand, dans son livre Comment le peuple juif fut inventé, met en cause l’idée que le peuple juif se disperse, après la destruction du temple en 70 après Jésus-Christ ; il pense que les juifs en Europe et en Afrique descendent pour la plupart de convertis. Dans le Sud de la péninsule arabique et en face en Abbyssinie, on a une présence de juifs durant toute l’Antiquité. Les falashas se désignent sous le nom de "Beta Israël" et font remonter, dans  un premier cas, leurs origines aux juifs qui seraient revenus de Palestine avec  Ménélik, fils de la reine de Saba. Celui-ci aurait fait le voyage aller-retour vers Jérusalem afin d’y rencontrer son père le roi Salomon. Leur seconde explication a été validée par le Grand rabbinat d’Israël en 1973, on serait en présence de descendants de la tribu perdue de Dan.

En fait le royaume de Saba est mentionné dans la Bible, mais d’après les historiens la reine en question gouvernerait essentiellement une partie du Yémen. On est plus certain des dates et des limites du pays D'mt qui couvre l'Érythrée et la région du nord de l'actuelle Éthiopie, il dure durant tout les VIIIe, IIe et VIe siècle avant Jésus-Christ. Yeha en Éthiopie, mais à la limite de l'Érythrée, est sa capitale.

Après la chute du royaume D'mt divers royaumes ont dominé la région. Eschyle vers 500 avant Jésus-Christ désigne cette région comme "le bijou de l'Éthiopie", c'est l'époque de l'émergence du royaume d'Aksoum, ce dernier a pour capitale Aksoum et principal port Adoulis. Il se christianisme en partie au IVe siècle après Jésus-Christ et de ce fait il entretient des relations avec Constantinople pendant plus de quatre siècles. La page 16 de l'ouvrage nous rapporte que :

« certains estiment qu’au VIe siècle des prisonniers de guerre juifs, à la suite de la victoire d’Axoum sur le roi sud-arabique judaïsé Joseph Du Nuwas, auraient introduit le judaïsme en Éthiopie et que les Beta Israël pourraient être leurs descendants ».

« Au VIe siècle, des groupes judaïsants d’Arabie auraient vraisemblablement migré vers Axoum à l’époque du roi chrétien Kaleb (et) ils auraient peut-être épousé et converti les Agaw de ces contrées ».

Vers l'an 1000, se produit à Axoum une usurpation dynastique se réclamant d'une forme de judaïsme vraisemblablement proche de celle entretenue ultérieurement par les Falashas. D’après une autre hypothèse, les Beta Israël seraient issus de chrétiens qui auraient rejeté le christianisme copte à la fin de notre époque médiévale.

Avec le renversement de la monarchie en Éthiopie et la famine qui sévissent au début des années 1980, déboucha sur des exils au Soudan et c’est de là que se firent de nombreux départs plus ou moins clandestins. Par ailleurs la guerre civile qui sévissait en Éthiopie permit en 1991 une évacuation de plus de 14 000 individus depuis Addis-Abeba.  Restent dans ce pays, des familles juives qui se sont convertis au christianisme entre la fin du XIXe siècle et les années 1960 ; une entrée en Israël est facilitée si la personne promet de revenir à la religion de ses ancêtres. « Ce phénomène pourrait aussi faire figure de précédent pour l’immigration en Israël de groupes judaïsantd d’Asie et d’Afrique, tels les Bnei Menashé d’Inde du nord, les Lemba d’Afrique du sud, ou plus récemment les juifs de Madagascar » (page 99).

L’auteur Lisa Anteby-Yemini travaille en particulier sur la problématique de l’intégration des falashas à la société israélienne et sur la question des demandeurs d’asile et réfugiés africains en Israël, aussi de nombreuses pages sont consacrées au problème de l’intégration en Israël de ces juifs à la peau noire.