Avis de Ernest : "Les cathares: un fantasme de pape"
Il s’agit là du catalogue de l’exposition sur les liens entre le catharisme et l’Occitanie avec une étude spécifique autour de la situation de Toulouse au XIIIe siècle. Cet évènement se tient du 5 avril 2024 au 5 janvier 2025 à la fois au Musée Saint-Raymond et au Couvent des Jacobins. La municipalité de Toulouse a choisi de présenter la Croisade contre les cathares comme le Game of thrones occitan, ceci nous semble un argument publicitaire bien mal avisé.
Les prêteurs sont nombreux, pour l’essentiel ce sont des institutions entre Nîmes et Montauban (ce qui correspond aux limites du comté de Toulouse). L’ouvrage est très richement doté en illustrations de divers types.
On a là de nombreuses contributions généralement de deux à six pages ; elles sont regroupées en cinq parties : Des Églises et des dissidents, Une croisade contre des "Albigeois", Toulouse durant la croisade, Le Temps du roi, Mythes et postérités "cathares". Le contenu de ces textes est fort éclectique, ainsi relève-t-on un sujet sur les débuts de l’université de Toulouse, une création imposée par le pape et le roi de France comme outil de lutte contre l’hérésie. En fait l’étude du droit prend vite ici le pas sur les cours de théologie.
Il est bien expliqué que ce sont divers agents du pape qui construisent une identité cathare largement fantasmée plus particulièrement (mais pas seulement) autour d’une prétendue vision dualiste. De la fin du XIe au XIIIe siècle, les accusations d’hérésie fleurissent (pour cette raison, les bûchers se multiplient) car la papauté entend utiliser cette attaque pour imposer la réforme grégorienne. La théocratie pontificale tente de d’imposer ; elle débouchera notamment sur la déposition de Frédéric II en 1245 (le pape Innocent IV accordant à ceux qui partiraient en guerre contre lui le statut de croisés). Philippe le Bel bloquera ce mouvement au début du XIIIe siècle.
L’appel à la croisade contre les hérétiques du Midi date de 1208 et se traduit en juillet 1209 sur la prise de Béziers, ville des Trencavel où ces derniers étaient vicomte comme à Albi et Carcassonne. En 1224, la défaite finale de cette première croisade, conduite par les Montfort, débouche en 1226 sur la croisade royale dirigée par Louis VIII puis par Humbert de Beaujeu. Les succès militaires n’empêchent pas les révoltes ultérieures et la région est livrée à l’Inquisition créée en 1184.
Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations